Il aura fallu que le phénoménal Robin Williams nous quitte prématurément pour que je me penche enfin sur l’un de ses plus fameux rôle, à savoir celui de John Keating dans Le Cercle des Poètes disparus, un chef d’œuvre de Peter Weir pour beaucoup ; un statut mérité au bout du compte, tant sa profondeur et la force de son propos nous happe avec une aisance folle, mais… il y a un mais.

Cette nuance concerne dans mon cas le tournant scénaristique qu’est le suicide de vous-savez-qui, vecteur d’un chamboulement amenant à la dernière partie du long-métrage ; bien que cohérente en soi, cette mort paraissait si évidente au premier abord que l’on eut été en droit d’espérer un rebondissement plus original, moins frustrant, d’autant que le final est quant à lui tout bonnement brillant… preuve en est de l’intelligence avérée d’une intrigue très efficace, mais qui m’aura déçu sur ce point.

Rien de rédhibitoire toutefois, et il serait malvenue de ne pas citer les innombrables qualités d’un film décidément marquant dans le genre, à commencer par son scénario : il s’agit là en effet d’un modèle d’écriture, savamment juste quant à l’évolution de ses protagonistes au contact de l’énigmatique Keating, ce dernier incarnant le message anticonformiste distillé par Le Cercle des Poètes disparus ; un tel esprit ne pouvait assurément que remuer le spectateur comme il se devait, et le long-métrage y parvient avec une subtilité digne des plus grands chefs d’œuvre, en faisant fi de toutes grandiloquences notamment, et le récit peu mouvementé s’avère de bout en bout passionnant.

La force du film repose ainsi en grande partie sur ses personnages, tous excellemment interprétés, avec en toute logique un Robin Williams (définitivement magistral) tenant le haut de l’affiche ; le groupe de petits bourgeois se révèle lui aussi très plaisants, tous étant sympathiques et très bien traités à l’image de Neil Perry et de Charlie Dalton, tandis que l’on formule un regret concernant l’approfondissement de Todd Anderson, celui-ci apparaissant comme en retrait... bien qu’il subsiste de ceci une corrélation somme toute logique vis-à-vis de sa timidité maladive, n’aurait-il pas été plus intéressant de s’attarder davantage sur ce dernier plutôt que sur la (sympathique) bluette de Knox ?

Heureusement, l’émouvant et culte dénouement compense d’un trait cet état de fait, d’autant que Le Cercle des Poètes disparus dispose d’autres cordes à son arc : il y a bien entendu la mise en scène irréprochable de Peter Weir (quoique peu créative dans son ensemble), une excellente photographie et enfin une ambiance très réussie ; cette dernière donne ainsi vie d’une bien belle manière à l’austère académie de Welton, et qui couplée à une BO parfaitement dans le ton du long-métrage achève de nous embarquer en son sein traditionaliste à l’excès.

Bref, Le Cercle des Poètes disparus frôle la perfection, mais n’a en aucun cas usurpé son statut de film culte, fort d’un message fort portant à réflexion ; on en retiendra surtout la belle brochette d’interprètes, portée par un Robin Williams somptueux, et un hymne vibrant à la poésie, les passions et l’identité de chacun... une œuvre unique en tous points.
NiERONiMO
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le 17 déc. 2014

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NiERONiMO

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