Au rythme palpable du sonar, unique sens en éveil de leur carapace aveugle, on écoute et on analyse chaque son perceptible, transportés par l’interprétation poétique et transcendantale de l’Oreille d’Or, figure de pièce maitresse d’un équipage plus mathématique que virtuose.
Là où le cinéma français se contente trop souvent de comédies niaises, certains réalisateurs tentent de se jeter à l’eau. Oui, aussi rare que cela puisse paraitre, il est possible de trouver de l’intensité dramatique dans une production française. Oui, un film qui sort des sentiers battus peut tomber dans le Grand Bain ! Tout en se faisant discret, tapis dans l’ombre, Le Chant du loup est arrivé dans les salles obscures sans prétention, plongeant le spectateur curieux dans l’inconnu. Esthétique, puissant, contemplatif et politique, le Chant du loup restera un film d’une ambition rarement vue dans le cinéma français.
Odyssée sonore d’une profondeur maitrisée, Il offre au public une immersion cinématographique imperturbable. Personnellement, j’y ai retrouvé un grand nombre de références du cinéma de genre ! J’ai ressenti dans la partition de cette odyssée une ode à un grand classique : « 2001 l’Odyssée de l’espace ». Autant dans l’aspect transcendentale que pendant les silences assourdissants ou les jeux de lumières, j’ai ressenti une belle référence au travail de Stanley Kubrick. Et que dire de l’excellente bande originale digne d’une partition épique de Justin Hurwitz pour mettre en image l’arrivée en apnée de Ryan Gosling sur la Lune dans « Firstman ». Et pour un premier film, Antonin Baudry nous propose une oeuvre osée et d’une singularité similaire au travail de Julia Ducournau dans « Grave ».
Le Chant du loup, c’est un film toujours juste en regard de l’histoire et de l’intensité nécessaire à chaque scène. Entre la claustrophobie et la peur du vide, entre l’espace restreint et l’immensément grand, ce long-métrage écrasant joue avec les échelles, torturant le visible et analysant l’invisible. Un discours visuel et musical sans frontières, semblant impalpable, libre. Fermez les yeux, et écoutez ...
Au-delà du pur aspect auditif qui en fait son identité, le Chant du loup offre une immersion dans un univers méconnu, celui d’un équipage de sous-marin militaire et de son langage propre à bord du « Titane » et de l’ « Effroyable ». On découvre, sans nécessairement avoir besoin de tout vouloir comprendre, un langage d’orfèvre, méticuleux, où chaque déplacement est millimétré, où chaque parole est interprétée et où chaque décision peut valoir la vie de bien plus que l’équipage. C’est aussi ce qui frappe dans ce film, la capacité du scénario à nous transporter dans une guerre nucléaire silencieuse se jouant ni entre les vivants, ni entre les morts, mais au fond des eaux, là où toute décision est irrévocable et où les sentiments ne peuvent entraver la mission principale.
Le Chant du loup, c’est l’histoire de frères d’armes, de héros solitaires, de guerriers de l’ombre ayant sacrifiés leur vie pour servir la France.
Un dialogue moral puissant entre confiance et devoir. Une histoire de héros.
PAC