Pas survivre, Vivre

En 1820, un convoi de trappeurs traîne un bateau chargé de peaux de castor et tente de rejoindre le Missouri pour regagner le Sud après deux années d'expédition, dans les terres encore inconnues de l'Amérique du nord-ouest. L'un d'eux, Richard Harris, est attaqué par un ours et abandonné, laissé pour mort par ses compagnons.

Ce film atypique montre la reconstruction d'un homme sous la forme d'un diptyque. Les plaies béantes laissées par l'ours se suturent au même rythme que les blessures secrètes que le héros porte en lui. Les flash-back qui émaillent le film dévoilent peu à peu son histoire et son humanité. Sa lutte pour sa survie, son refus viscéral de mourir ne sont pas tant alimentés par une vengeance supposée que par le désir de "vivre".
Alors que le fantôme, l'ombre de Bass, craint par ses compagnons, s'évapore d'un coup de fusil, tiré par l'un d'entre eux dans l'obscurité, avant qu'il ne les rejoigne et ne les dépasse, Zachary, lui, naît tout au long de sa marche pour sa survie. Il accède à la lumière, tapis dans les taillis, en regardant cette squaw accoucher. Lui qui n'avait pas su être présent à la mort de sa femme, la naissance de son fils, devient père à cet instant et s'ouvre à la vie.
Cette oeuvre singulière et difficilement classifiable, mérite d'être (re)découverte.