Sorti trente ans plus tard, The Hustle offre à Dirty Rotten Scoundrels (Frank Oz, 1989) un remake tout à la fois fidèle dans la reprise de son scénario, puisque certaines scènes reviennent à l’identique, et soucieux de convertir la loufoquerie du premier en vulgarité. Ce faisant, Chris Addison témoigne de l’évolution de la comédie populaire américaine qui, en trois décennies, a majoritairement délaissé la subtilité pour s’adonner au potache malin – pensons au cinéma de Paul Feig. Comparer les deux films permet alors d’apprécier la conversion réalisée pour mettre l’humour au goût du jour et rectifier les imperfections de la version originale : les dialogues s’avèrent plus ciselés et mieux rythmés par le constant rentre-dedans des personnages, les insultes remplacent les bons mots, les chutes et les performances improbables – le camouflage parmi les poubelles, le jet de valises par-dessus la falaise, l’entraînement sportif, l’arrivée de l’aveugle à la table de casino… – poussent plus loin encore la séquence de démence simulée de Freddy.
Le choix d’un duo féminin et non plus masculin donne lieu à une réflexion savoureuse, parce qu’à l’origine de diverses stratégies de séduction et d’escroquerie, sur le regard réifiant que l’on jette sur une femme jamais prise au sérieux parce qu’elle est une femme, et que Penny et Josephine cultivent en forçant le trait. Les deux actrices qui les interprètent témoignent d’un plaisir visible à jouer ensemble, plaisir communicatif qui nous emporte, nous fait rire et nous divertit pendant une heure et demie. Une comédie réussie qui donne au long métrage de Frank Oz une vitalité nouvelle à défaut de ce charme trafiqué que diffusaient Steve Martin et Michael Caine.