Après un petit passage par Hollywood pour son adaptation frénétique de "Scott Pilgrim V.S. The World", Edgar Wright rentre au pays et retrouve ses potes Nick Frost et Simon Pegg afin de conclure leur trilogie Cornetto, gigantesque entreprise consistant à détourner dans la joie et la bonne humeur les genres les plus populaires du cinéma grand publique.
A travers ce récit chevaleresque convoquant aussi bien le Roi Arthur et Ulysse, où le Graal et la Toison d'or sont remplacés par la quête d'un passé glorieux, Edgar Wright et Simon Pegg continuent la réflexion sur la maturité qu'ils avaient entamé avec la série "Spaced" et poursuivis avec "Shaun of the dead" et "Scott Pilgrim", s'attardant sur un éternel loser magnifique incapable de grandir et de laisser de côté ses anciens faits d'arme, effrayé à l'idée d'être oublié par un monde évoluant sans lui. A ceci, les auteurs ajoutent une certaine critique d'une mondialisation à outrance, remplaçant toute authenticité par du neuf et du calibré, apte à plaire à la terre entière.
Un propos en adéquation totale avec le genre que choisissent de détourner Wright et Pegg, à savoir la S-F parano des 50's, style "Body snatchers" ou "The thing". Si l'aspect fantastique semble ici moins fluide et amené un peu maladroitement, l'amour du genre transpire toujours autant, Wright s'amusant visiblement comme un petit fou, offrant des scènes de baston grisantes et contournant admirablement la censure, rappelant furieusement le meilleur de la collaboration Jackie Chan / Sammo Hung.
Récit tendre et touchant sur l'amitié et sur la nécessité (ou pas) d'aller de l'avant, parfaitement mis en scène et interprété par une galerie de comédiens tous impeccables dont on retiendra surtout Nick Frost et Eddie Marsan, le premier étonnamment sobre quand le second s'avère incroyablement touchant, loin de ses rôles de salopards habituels, "The world's end", avec son rythme en dent de scie (une première chez Wright) et son scénario tournant en rond (il aurait fallu que l'excellent final arrive à mi-parcours), montre malheureusement les limites du cinéma d'Edgar Wright. Il paraît dès lors évident que le cinéaste, à l'image de ses personnages de grands gamins, aurait tout intérêt à évoluer, à passer à autre chose tout en conservant son énergie et sa force juvénile. Peut-être avec son prochain "Ant-Man" ?