La déraison pour s'aimer

Il y a de bonnes choses dans ce film. Le discours n'est pas inintéressant. On peut même dire que la structure du scénario suit le fond. À savoir le fait qu'en amour il est difficile de rationnaliser les actes.

Ici, les personnages font tout et n'importe quoi. Difficile de réellement les comprendre. Ce n'est sans doute pas un réel argument, mais Brando a dit lors d'une interview que lui-même ne savait pas ce que signifiait le film sinon une sorte d'autoanalyse de la part de son auteur/réalisateur. Il y a des scènes intéressantes, prenantes, mais le tout paraît décousu et mou du fait qu'il n'y ait pas de structure, pas de conflits. Juste deux personnages qui s'aiment sans s'aimer, ou le contraire, qui ne s'aime pas en s'aimant. Difficile donc à suivre, à entrer dans le film, tant rien n'a de logique. Mais ce non sens est appliqué si tôt et si explicitement que ça en devient une logique en soi. Et puis, ces actions restent dans ce contexte, ne débordent jamais. Je veux dire par là que si les personnages sont imprévisibles, on ne verra pas Godzilla au bout de la rue en train de tout casser. Dernier point, l'auteur attribuer aux personnages son propre discours, ça se sent, mais cela se fait au détriment de la narration : l'évolution est mince, les scènes répétitives. En gros, le spectateur trouvera peu à manger.

La mise en scène est plutôt sympathique, un peu maladroite, pas de mouvements parfaits, ils ne sont même pas toujours utiles. Mais l'action reste lisible, les angles de vue pertinents. Peut-être pourra-t-on reprocher le ton romantique tant il est exagéré, avec ses violons couvrant le plus souvent la voix des acteurs (comme dans le sketche des Nuls), mais on se laisse prendre au jeu au bout d'un moment. Les acteurs sont très bons. Dommage, cependant, que Brando n'ait pas été moins timide ; apparemment il s'est refusé à jouer nu parce qu'il a un petit zizi et que ça le gêne. La trivia IMDb de ce film est assez comique d'ailleurs. Certainement, comme souvent sur le site, tirée des bonus DVD, donc pour ceux qui auraient une copie pauvre, allez jeter un oeil, ça vaut le coup. Toujours est-il que ce manque d'intégrité de la part de l'acteur donne lieu parfois à quelques maladresses comme justement la scène du beurre qui fait surtout sourire au vu des mouvements peu plausibles de l'acteur. Enfin les actrices sont assez mignonnes. L'héroïne surtout, malgré sa coupe de caniche et son cul plat.

Bref, un film si peu érotique, si peu narratif, mais tellement bavard et libéré d'entraves dramaturgiques. On ne s'ennuie pas vraiment, mais difficile aussi de se prendre au jeu.

Bonus : http://image.noelshack.com/fichiers/2014/48/1416847315-le-dernier-tango-a-paris.jpg