Un Dernier voyage aux airs de premier.

Soyons honnêtes deux minutes, la science-fiction française, ça ne court plus les rues. Les rares productions s'espacent de plus en plus. Il a fallu quatre ans entre Seuls, dernier film du genre en date, et le film qui nous intéresse aujourd'hui. Cinq longues années, et une bataille de tous les instants pour les faire financer.

Car oui, selon certains producteurs français, et je ne tire pas ça de nulle part, je le tire du dossier de presse du film : "On ne sait pas faire ça en France". Oui, vous avez bien lu. Je ne vais pas contre-argumenter parce que je sortirais une douzaine de tomes de la taille d'une encyclopédie sur le sujet, dont la fin suffirait à faire fuir un démon devant tant de sel et de vulgarité.

N'en déplaise à ces producteurs aveugles, ce que j'ai vu, c'est pourtant bien un film de science-fiction français. Un premier film pour son réalisateur, qui plus est.

Le film m'a marqué pas par pas mal de choses. Déjà, sa direction artistique. Décors, effets visuels, costumes, c'est vraiment bien joué. Des décors crasseux de la "ville", aux rares lieux où vivent encore les gens et qui font très art déco, aux références bien françaises (la Peugeot 504 de Paul, le panneau Tabac ou encore la tour Eiffel au début du film...), on sent que malgré le budget (qui a pas dû être mirobolant), on a un film qui veut en découdre. Les effets spéciaux sont juste bluffants, dont certains permettent de faire des références plus ou moins discrètes (allez Romain, tu peux le dire que t'as kiffé Mad Max Fury Road, on ne t'en voudra pas !).

Côté acteurs, là aussi on a du très bon. Hugo Becker assure en astronaute tiraillé et irascible, Paul Hamy campe à merveille le petit frère devenu cinglé après sa mission suicide, (attention spoil)

et Lya Oussadit-Lessert qui, malgré une écriture de rôle pas toujours au top, compense par sa justesse d'émotions. Certains moments sont tellement tendus qu'on a qu'une envie, que ça s'arrête. (non pas que le film s'arrête hein).

Côté musique, ouvrir sur Cambodia de Kim Wilde, c'était inattendu. La composition originale d'Etienne Forget est efficace, pas grand chose à dire. Elle ne m'a pas vraiment marquée, mais aide à peaufiner l'atmosphère.

Comme tout premier film, celui-ci souffre de défauts de jeunesse, notamment des séquences pas toujours bien rythmées, et une écriture un peu bancale qui aurait pu être améliorée. Mais pour un premier film, Romain Quirot n'a pas à rougir. Car j'ai passé quand même un bon moment et ça m'a fait du bien de retrouver ma salle obscure. Et rien que pour ça, je suis content.

Il faut une chance insolente pour réussir à produire un film de SF en France, au milieu des drames chiants, des comédies pas drôles et de la frilosité des producteurs. Il faut avoir en plus une sacrée paire pour que son distributeur ait eu le culot de sortir ça à la reprise, alors que les gros studios sont encore dans l'incertitude, c'est un sacré coup de poker.

Puisse cette chance nous sourire, fans de science-fiction français, pour qu'on ait plus en plus de productions comme ça.