Avant de devenir le réalisateur du célèbre Canons de Navarone (1961), J. Lee Thomson s’est illustré dans plusieurs films très intéressants dont ce Désert de la peur sorti en 1958. En adaptant de façon très personnelle le roman de Christopher Landon, le réalisateur britannique confirme son intérêt pour les scènes d’action et les personnages atypiques. Film d’aventure captivant, Ice cold in Alex (le titre original) vient d’être réédité par Tamasa.


Une ambulance pour Alexandrie
1942, près de Tobrouk en Libye. Le capitaine Anson et Tom Pugh, son sergent major, se voient chargés de rapatrier deux infirmières à Alexandrie. Un voyage en ambulance à travers les étendues désertiques qui s’annonce difficile. D’autant plus qu’un officier sud-africain au comportement étrange rejoint bientôt l’équipée et que les forces de l’Afrika Korps quadrillent le secteur. Pour autant, le Désert de la peur n’a rien du film de guerre classique. Ni dans son scénario, exempt de toute forme d’héroïsme, ni dans sa réalisation riche en expérimentations visuelles. De fait, Thompson fit appel à deux grands professionnels pour l’épauler : Gilbert Taylor à la photographie et Richard Best au montage. Le tournage quant à lui fut une véritable épreuve, l’équipe du film endurant d’une scène à l’autre nuées de mouches, tourbières glaciales et températures caniculaires.


D’aventures en aventure
En affrontant le désert, cet « ennemi » de circonstance, les quatre z’amis vont devoir faire face à toutes sortes d’imprévus. Champs de mines, sables mouvants, puits à sec…sans compter les avaries mécaniques et les rencontres teutoniques : blindés surgissant de derrière les dunes ou Messerschmitt attaquant en piqué. C’est fou comme on ne s’ennuie pas une minute dans le désert. Aux scènes à suspense à la manière d’Hitchcock succèdent des moments plus intimistes – feux de camp ou feux de l’amour – qui rappellent le genre western auquel le film emprunte certains codes (l’ambulance en guise de diligence, le bar-"saloon" d'Alexandrie…) et la typologie des personnages.


Un colosse, deux officiers, une blonde
Les personnages, précisément, sont le meilleur atout du film. Loin des héros habituels, Thompson met en scène des individus avec leurs failles ou leur part d’ombre. A l’image d’Anson, alcoolique notoire, interprété par un John Mills à contre emploi, Anson qui ne rêve que d’une chose, se taper une bonne bière à Alexandrie avec ses compagnons d’infortune. A ses côtés, un sergent-major pacifique, un Afrikaner bâti comme un colosse et une infirmière qui apporte une touche féminine trop souvent négligée dans les films de guerre. Sylvia Syms, ici dans son premier grand rôle, fera les frais, cela dit en passant, d’un comité de censure peu porté sur le déboutonnage de chemisier. Un quatuor de personnages attachants, soudés malgré les oppositions de nationalité, de sexe, d’âge et de classe sociale, qu’on accompagne bien volontiers jusqu’au lever de coude final.
Alors laissez-vous donc tenter par une bonne part de désert !


8/10


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Theloma
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le 14 juin 2020

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Theloma

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