Avec le recul...

Avec le recul, et une fois calmés et la polémique critique et le triomphe populaire d' "Amélie Poulain", que voit-on ? Un film réalisé avec un perfectionnisme obsessionnel, dont l'univers est entièrement voué au pittoresque, au clin d’œil (Doisneau forever), à la poésie chansonnière nostalgique d'un Paris qui n'a jamais existé, une magnifique carte postale animée... Dont naissent pourtant une émotion profonde, un personnage fort, et finalement - contrairement aux affirmations des Inrocks - un courant de vie littéralement enthousiasmant. En collectionnant tous ces échantillons d'existence, Jeunet dépasse brillamment ses manies mortifères, prouve (a contrario ?) que la vie existe bien, au delà de la mosaïque des "petites sensations", et nous communique une indicible euphorie d'exister. Ce n'est pas rien.

PS : Eric aime : l'attention portée aux plaisirs et aux sensations minuscules de la vie (ce qui fait des vingt premières minutes de "Amélie Poulain" un enchantement toujours renouvelé) ; la musique de Yann Tiersen ; l'énergie réjouissante de l'interprétation dans son ensemble ; le souci de retraduire enfin dans un film l'obsession de la collection ; la seconde chance offerte généreusement par le film à tous ses personnages.

Eric n'aime pas : la couleur verte qui nappe largement l'image ; la fascination de Jeunet pour une esthétique datée et un goût du décor poussiéreux qui contraste avec les élans de vie de son film.

[Critique écrite en 2005 et 2009]