Ce long métrage dégage une poésie et une mélancolie assez forte. C'est la relation entre un Facteur, presque illettrée et Pablo Neruda, exilé sur une île Italienne (le Film n'est pas une Histoire vraie). Au Fil des lettres donnés par le facteur à son client, ils tissent une belle amitié. Le Film parle également du rapport que les Italiens entretiennent avec le Communisme, et plus particulièrement les anciens (le Film se passant dans les années 50, et à la grand mère de Béatrice ayant à la louche au moins 60 ans). C'est également un Film sur l'amour, sur la transmission d'un artiste à un autre artiste en devenir, sur l'amitié, sur le rapport des gens avec la poésie et à l'art en général. D'ailleurs en parlant d'art, il y a une scène très intéressantes au début du Film: les habitants de la petite île voit un reportage au cinéma de l'arrivée de Pablo Neruda chez eux, et un pêcheur se voit à l'écran, entraînant une réaction très drôle de sa part. La BO du Film est très belle, participant au ton et à l'ambiance se dégageant du long métrage, et d'ailleurs c'est une des rares Bande Originale non Américaine à avoir gagné l'Oscar de la Meilleure Musique du Film.


Il y a de très belles scènes, comme celle ou Mario annonce qu'il est tombé amoureux à Pablo, je l'ai trouvé bien mise en scène, notamment avec les flashbacks amené en fondu enchaîné sur Béatrice, flashbacks sur la scène ou il la rencontre dans le restaurant et il joue au baby foot, et celle du mariage, passant d'un travelling sur un champ de fleurs jaunes à Mario et Béatrice, puis avec un mouvement latéral vers la droite à Pablo Neruda, leur témoin. Bien sûr, les deux comédiens principaux (Philippe Noiret et Massimo Troisi) sont excellents, participant au ton mélancolique et émouvant du Film, notamment dans la scène ou Pablo Neruda apprend que Mario est mort dans une manifestation qui a mal tourné. Aussi, la scène de leurs adieux est très émouvante, et j'ai trouvé la transition entre les adieux et le retour à la vie de Mario très intéressante: quand Pablo Neruda est sur le bateau, le Film passe en noir et blanc au fur et à mesure, et utilise des images qui me semblent des véritables images de Pablo Neruda (en tout cas la manière dont est habillé le personnage a un peu changé, et Neruda interprété par Noiret n'a pas de moustache).


Aussi, l'interprète de Béatrice n'est pas en reste, notamment dans une scène ou elle est songeuse dans son lit, se rappelant du moment ou elle a annoncée qu'elle était enceinte, la caméra zoomant progressivement et très lentement sur elle (le plan est au début à sa porte de chambre) pour arrivé au gros plan. Le même procédé est utilisé, mais de manière moins longue, lors de la scène ou Neruda apprend la mort de Mario. Aussi, il y a une scène, ou Mario, la grand mère et un autre personnage lisent une lettre, la caméra se baladant d'un personnage à l'autre au fil des réactions. Il y a également quelques travelling assez réussi, comme celui ou Neruda et son épouse danse dans leur maison, le travelling les suivant tout le long de leur terrasse, et l'autre c'est un travelling sur tout les invités du mariage de Mario et Béatrice quand Pablo fait son discours de témoin.


Le Film appuie également beaucoup sur la force du souvenir et de la mémoire, toutes les scènes ou Mario et Béatrice (tout seul pas ensemble) se souviennent soit de leur première rencontre, soit de la première qu'il l'a dragué, soit de quand elle lui a annoncée qu'elle était enceinte. Le summum pour cette partie du propos du Film est la scène ou Mario revient dans la maison de Pablo après son départ, et en lançant la musique il le revoit dansant. Cette partie du propos du Film est renforcé par un événement tragique entourant le tournage : la mort de Massimo Troisi après une crise cardiaque quelques jours après la fin du tournage. Il tenait vraiment beaucoup au Film, et avait repoussé une opération cardiaque contre l'avis de ses médecins pour le tourner. Aussi, il y a une notion de transmission, au delà de Pablo Neruda aidant Mario pour confectionner ses poèmes, et Mario "rendant" l'appareil en appelant son fils Pablito.

Lucas_89520
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 8 mai 2020

Critique lue 659 fois

Lucas_89520

Écrit par

Critique lue 659 fois

D'autres avis sur Le Facteur

Le Facteur
Pierre-O
8

A voir

Ce film est un petit chef-d'oeuvre de lyrisme, une magnifique adaptation du déjà magnifique roman d'Antonio Skármeta ("Une ardente patience"). Philippe Noiret campe avec simplicité et bonhomie Pablo...

le 1 mars 2011

5 j'aime

Le Facteur
Fatpooper
8

La sensibilité

À 16 ans, je suis tombé amoureux de Déborah, une fille d'une autre classe. Le temps des récréations et du cours d'anglais, je l'observais de loin : son visage joliment construit, malgré son grand...

le 12 mars 2022

2 j'aime

Le Facteur
nico94
7

Tendre, drôle et touchant

Italie début des années 50, le poète chilien Neruda en exil décide de s'installer à Capri. Là il sympathise avec le facteur chargé de lui apporter le courrier et se lie d'amitié avec lui, ce dernier...

le 22 mars 2019

1 j'aime

Du même critique

Once Upon a Time... in Hollywood
Lucas_89520
9

Welcome to 1969

J’ai trouvé ça excellent. Beaucoup de mouvements de caméra interessants, une belle photographie . L’ambiance est vraiment immersive, on a l’impression d’y être, il y a des références au cinéma de...

le 30 janv. 2020

3 j'aime

Les Raisins de la colère
Lucas_89520
10

"I'll will be there"

Adapté de l’œuvre la plus connu (Avec « Des souris et des hommes ») de John Steinbeck (un habitué des adaptations au cinéma), le cadre de ce récit est la Grande dépression. Comme d’autres adaptations...

le 30 janv. 2020

2 j'aime

La Maison des bois
Lucas_89520
9

Critique de La Maison des bois par Lucas_89520

Superbe série de Maurice Pialat. Je trouve que le côté naturaliste est bien plus poussé que dans les Films que j’ai vu de lui (Loulou,Police et Sous le Soleil de Satan). La scène qui m’a bluffé...

le 15 mai 2020

1 j'aime