Tendre, drôle et touchant

Italie début des années 50, le poète chilien Neruda en exil décide de s'installer à Capri.
Là il sympathise avec le facteur chargé de lui apporter le courrier et se lie d'amitié avec lui, ce dernier peu cultivé souhaitent apprendre la poésie pour mieux séduire la serveuse du bar où il va régulièrement.
De prime abord le facteur est un fil étrange car si l'action se déroule dans les années 50 le film a été réalisé en 1994 ; pourtant on a l'impression de regarder un film tourné il y a longtemps ; mais ce côté un peu vieillot, naïf et désuet lui donne finalement un certain charme.
Le facteur est une œuvre tendre, poétique, souvent drôle (très bon scénario, les dialogues sont percutants) et triste à la fois, plein d'une légère nostalgie qui est malgré tout bien maîtrisé par le réalisateur.
Philippe Noiret campe un Neruda des plus crédibles mais c'est surtout Massimo Troisi qui joue le facteur qui crève littéralement l'écran ; je ne connaissais pas cet acteur, il est fabuleux dans ce rôle de facteur naïf, amoureux, peu intelligent mais tellement sympathique (ah la scène du baby foot!) ; et quand on sait qu'il est décédé le lendemain de la fin du tournage on est encore plus touché. Il ne joue pas le personnage il est le personnage.
Malgré quelques imperfections un film prenant, poignant et émouvant mais qui ne tombe pas dans le pathos trop prononcé et qui nous fait découvrir l'Italie post deuxième guerre mondiale avec ses rivalités politiques (démocrates chrétiens contre communistes) , ses modestes pêcheurs, Pablo Neruda et son humanisme même si le film est une fiction), la puissance de la religion et un acteur fantastique.
Ce n'est en général pas le genre de film qui me séduit mais le facteur a été pour mois une agréable surprise.