Oui, Olivier Gourmet est formidable. Mais la sécheresse du film des frères Dardenne peut vraiment rebuter. Quand on connaît le drame qu'il a vécu, on comprend mieux pourquoi il est en mode zombie. Les frères nous le montre longuement dans son quotidien morne. Formateur en menuiserie. Ce sont toujours les mêmes gestes, le même regard vide, les mêmes déjeuners pris sur le pouce. Le tout filmé caméra à l'épaule en plan-séquence. C'est tempête sous un crâne.


Derrière, on devine chez lui de la colère, de la souffrance, de la haine, de la rancune, du regret. Ça fait beaucoup pour un seul homme. Un homme brisé, qui plus est. Même si des années se sont écoulées, est-il prêt à pardonner ? C'est difficile à dire. Une partie de lui doit être d'accord. Une autre ne l'est pas. Et les deux s'affrontent.


C'est plus facile pour le jeune sorti de prison. Lui, estime qu'il a payé sa dette. Que c'est du passé. Que tout est effacé. Alors que non. La solitude, elle, elle reste. Et c'est elle qui accompagne Olivier tous les jours. Chez lui, dans son appartement, au travail, n'importe où. C'est pour ça qu'on ne sait pas trop à quoi il joue avec cet apprenti. Il a envie de lui donner une seconde chance mais il y a un dégoût en parallèle. L'envie d'avoir une explication. Tant qu'il n'aura pas refait sa vie, qu'il n'aura pas rencontré quelqu'un d'autre, tant qu'il n'aura aucun loisir pour lui vider la tête, il ruminera. Sa vie n'a pas fini d'être grise.

Incertitudes
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le 30 oct. 2019

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