Un père veuf ne se résout pas à laisser sa fille quitter le domicile, de peur de rester seul, mais il va se rendre compte qu'en faisant cela, il risque de lui occulter sa jeunesse.
Le goût du saké est le dernier film réalisé par Yasujiro Ozu, et bien entendu, il est particulier à ce titre, car plusieurs fois, on sent comme une fin de cycle arriver. Certes, non sommes dans la différence générationnelle, mais c'est aussi dans le traitement d'un des personnages qui, malgré le fait qu'il ne gagne pas assez, s'endette pour ne pas paraitre comme pauvre ; il va jusqu'à acheter des clubs de golf hors de prix juste pour montrer qu'il a les moyens, ce qui consterne son épouse.
On retrouve aussi pour la dernière fois le cher Chishu Ryu, et sa fille, jouée par Shima Iwashita, qui représente cette modernité, l'envie de s'émanciper du modèle patriarcal, et qui représente la marche du temps.
La photo de Yūharu Atsuta est toujours aussi sublime, laissant figurer l'ère nouvelle entre guillemets qu'est Tokyo, avec ses bâtiments à perte de vue, et une réalisation toujours aussi soignée, à hauteur d'homme.
D'ailleurs, la fin est absolument magnifique, et je me demande si Ozu ne sentait pas sa propre fin, avec ces plans fixes de la maison de Chishu Ryu, comme s'il disait adieu au cinéma ? Ou ce dernier plan où ce dernier boit un verre comme pour oublier ? Toujours est-il que Le goût du saké clôturera une filmographie hors du commun, sur la dizaine de films que j'ai pu voir, et qu'il restera comme quelque chose de grand, d'humain, de magnifique.