Avant de devenir Dingo et Marc le joyeux ami de Sophie, feu Gérard Rinaldi était un Charlot aux côtés de ses camarades Gérard Filippelli, Jean Sarrus, Jean-Guy Fechner et Luis Rego. Un groupe de musique à la base (Merci patron est leur plus célèbre fait d'armes) qui deviendra une troupe de comiques alignant les films entre 1971 et 1992, notamment sous la coupe de Claude Zidi.


En 1973, il leur offre un véritable boulevard après qu'ils soient passés par l'Espagne devant la caméra de Jean Girault. Un film qui commence assez banalement avec les Charlots faisant tout et n'importe quoi, enchaînant les petits boulots. Ainsi ils débutent en construisant des tondeuses à gazon n'ayant plus grand chose à voir avec la réalité, puis se retrouvent à faire des courses pour le regretté Michel Galabru. Claude Zidi aligne donc une série de gags plus ou moins drôles où les Charlots cumulent les conneries potaches, comme essayer de livrer un nombre de caisses de bouteilles de vins ahurissant, vendre des appartements insalubres ou essayer la moto de Galabru, permettant une poursuite délirante avec la police.


Mais c'est évidemment dans sa seconde partie que Le grand bazar se révèle réellement intéressant. Imaginez un David contre Goliath made in 70's avec d'un côté les petites épiceries et de l'autre les hypermarchés qui débutent leur règne. Cet aspect apparaît un peu comme un cheveu sur la soupe après une première partie n'ayant rien à voir avec, mais c'est au final ce que l'on retient du film. Les petits essayeront de lutter, mais c'est bel et bien le gros, imprévisible, plus grand et prêt à tout pour épater la galerie qui gagnera. Que ce soit un hypermarché ou autre chose.


Zidi montre également que le succès de l'hypermarché n'est pas anodin, les clients des petits commerces finissant par délaisser ces derniers et leurs patrons proposent leurs services à la grande distribution, ne pouvant plus vivre de leurs commerces. Derrière les bouffonneries des Charlots, il y a donc un constat social peu reluisant qui se confirme également par les clients consommant à foison et prêts à tout pour remporter des cochons vivants qu'ils finiront bien par faire rôtir. Une folie furieuse qui n'est pas sans rappeler certains événements récents, changez les cochons par le papier-toilette et les pâtes.


On peut regretter la scène de la boîte, à la fois accessoire et juste là pour faire durer le film un peu plus longtemps. Mais dans l'ensemble, Le grand bazar est une comédie rigolote comme les Charlots savaient bien en faire au début des 70's (cela s'est dégradé par la suite) et une chronique sociale pas si anodine.

Borat8
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le 19 mai 2020

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Borat 8

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