Après Miss Sloane, Jessica Chastain trouve un nouveau rôle lui permettant d'étaler tout son talent. Elle est en haut de l'affiche, dans ce film s'inspirant de la vie de Molly Bloom, une jeune femme qui va organiser des parties de poker illégales avec la jet set hollywoodienne, puis à New-york où elle va finir par côtoyer des membres de la mafia russe. Une activité qui va lui permettre de s'enrichir, mais d'être arrêtée par le FBI.
L'introduction se fait sur un rythme frénétique, avec Molly Bloom (Jessica Chastain) nous racontant, en voix off,sa chute durant sa jeunesse lors d'une compétition de ski. Le ton se veut ironique et désinvolte, ce qui permet de se faire une idée du personnage. La suite sera plus calme, en prenant le temps de développer les personnages, ce qui est la force du scénariste Aaron Sorkin qui signe là sa première réalisation.
Le film est assez prenant. Aaron Sorkin réussit à nous intéresser à cette histoire, qui n'est pourtant pas très passionnante. En s'appuyant sur une Jessica Chastain impeccable, il parvient à captiver le spectateur, tout en l'entourant d'un supporting cast efficace avec Idris Elba, Kevin Costner et Michael Cera. Pour autant, cela reste un film très hollywoodien.
Le personnage avait tout pour être sulfureux. Elle côtoie des stars hollywoodiennes, des sportifs, des riches hommes d'affaires dont la plupart lui font des avances. Pourtant, cela reste gentil, voir lisse. On a du mal à croire que cette jeune femme est vécue comme une bonne sœur, pas dans le sens où elle a usée de ses charmes auprès de ces hommes-là, mais dans le fait de ne pas avoir de vie sexuelle. C'est la même chose avec la prise de drogues qui est traité avec légèreté, en étant presque normalisé où l'emploi de playmates, ce qui n'est jamais anodin. Dans ce sens, le film angélise son héroïne, en évitant de mettre en lumière le côté sombre de sa personnalité. Il en devient même naïf, en évitant de sortir des clous et d'égratigner Molly Bloom.
La femme est intelligente, mais c'est surtout sa force de caractère qui force le respect. Elle a eu de nombreux échecs, mais va se relever à chaque fois. C'est un parcours dont les américains sont friands : l'ascension, la chute puis la rédemption. Mais ce qui est vraiment le cœur de cette histoire, c'est sa relation avec son père (Kevin Costner). Elle va influer sur les choix de vie de Molly, avec ce besoin de prendre l'ascendant sur les hommes, dont elle se joue lors de ses soirées de poker. Ce côté œdipien, va se révéler lors d'une émouvante scène entre le père et la fille. C'est un peu facile, mais cela reste touchant. Pendant ce temps, la mère et ses deux frères restent dans l'ombre, alors qu'ils avaient chacun un parcours de vie intéressant. Mais nous sommes dans le film de Molly. Elle est au centre de toutes les attentions, surtout qu'elle ne laisse pas indifférent grâce à un défilé de décolletés, qui ravira la plupart du public dans la salle.
Pour sa première réalisation, Aaron Sorkin s'en sort bien. Comme a son accoutumée, son film est bavard et cède à quelques facilités scénaristiques. On aurait apprécié plus de folie, en nous donnant le tournis face à tout cet argent transitant sur la table où face à ces joueurs bien trop sage. En ce sens, Michael Cera se montre doucement odieux, dans son interprétation de Tobey Maguire. Mais le scénariste ne voulait froisser personne, tout en préservant l'anonymat des participants à ces soirées de poker.
Un bon divertissement. Jessica Chastain au sommet, un supporting cast à la hauteur de son talent dans une histoire manquant tout de même de mordant.