Le western spaghetti cassait déjà les codes du western à la John Ford, voilà que Corbucci arrive pour bouleverser à son tour le le genre représenté de la plus belle des manières par Sergio Leone...
Corbucci change totalement les codes par le décor tout d'abord. Fini les longues plaines désertes et chaudes, place désormais à la montagne, la neige et le froid glacial. Ensuite, et si vous n'avez pas vu le film, je vous invite à passer au paragraphe suivant car il s'agit d'un spoiler dès maintenant: c'est le méchant qui gagne face au gentil. C'est la première fois que cela arrive dans ce type de western et c'est vraiment pas mal. Corbucci aura quelques ennuis avec les producteurs à cause de cela, la fin étant jugée trop sombre, un happy end est rapidement tourné mais pour lequel le cinéaste semble se moquer éperdument. Dans les DVD d'aujourd'hui, c'est bel et bien la version du réalisateur qui est conservée.
Le point de vue narratif est tout aussi intéressant. Celui qui est considéré comme le gentil, surnommé "Silence" parce qu'il est muet, ne défend pas la loi. Il élimine les chasseurs de prime avec la particularité de ne jamais dégainer le premier, ce qui le met à l'abri de la loi de l'époque car s'il retirait le pistolet en deuxième et tirait, c'était considéré comme de la légitime défense. La personne contre qui Silence se bat est un chasseur de primes. Joué par l'incroyable Klaus Kinski, Tigrero et un gars qui n'a aucune morale et aucune pitié. Il recherche les hors-la-loi, les liquide et va toucher l'argent.Bref, sur le papier, le méchant défend la loi et le gentil l'outrepasse avec son goût pour la provocation (Silence liquide après avoir provoqué l'adversaire et attends que celui-ci sorte son arme).
La mise en scène est réussie. Pour le genre, c'est vraiment bien foutu, c'est un peu en-dessous de Leone ou de Castellari à mes yeux mais tout de même, il y a les décors qui en imposent pas mal grâce aux superbes plans larges, des moments de tension incroyablement bien rendus et quelques fusillades bien foutues.
Au niveau des acteurs, Le grand silence nous offre un magnifique duo d'acteurs avec Jean-Louis Trintignant, qui est ultra convaincant dans son rôle de muet, qui n'est autre qu'un homme au Personne joué par Clint Eastwood dans la trilogie du dollars de Leone. Ensuite, Klaus Kinski est égal à lui-même dans un rôle de fêlé. Du sur mesure en quelque sorte... Enfin, autre code brisé par Corbucci, le personnage féminin important est noire et tient un bon rôle dans cette oeuvre. Par ailleurs, on retrouve Ennio Morricone pour la BO et c'est une fois de plus du très lourd. Dommage que cette composition ne soit pas aussi connue que d'autres car elle est très réussie.
Le final est réussi avec une touche d'histoire avec un grand H pour contextualiser au mieux la fin. Corbucci réussit un très bon western spaghetti que les puristes du genre ne pourront qu'aimer...
batman1985
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le 6 mai 2011

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