Comment, après la déception du second volet, remonter la pente ? Comment, après avoir mis à bas les fans les plus assidus (dont je fais partie), Jackson pouvait-il leur offrir une bonne conclusion (à ce stade, c'était le mieux qu'on pouvait espérer) ? L'équation était complexe à résoudre, et le réalisateur me semble avoir trouvé une solution relativement évidente, et pourtant rarement mise en place : écouter les critiques.

Après la désillusion de 2013, je n'attendais à dire vrai pas grand chose de cette conclusion. Ce qui ne m'a pas empêché, en bon fanboy docile, d'aller la voir dès que je le pus. Et dès l'introduction, on sent que ce Five Armies possède du potentiel, et on se met à espérer : Smaug est encore plus classe que précédemment, ce n'est pas donc pas peu dire. L'action est soutenue, l'ambiance sympathique et même les FX sont jolis.

C'est d'ailleurs avec un grand soulagement que j'ai remarqué la diminution des fonds verts. Il n'y avait presque aucune scène tournée en extérieur dans la Désolation de Smaug, et si on n'atteint pas ici le Voyage Inattendu ou LSDA, Peter Jackson rend la Nouvelle Zélande à la Nouvelle Zélande, avec quelques paysages magnifiques. Montagnes, prairies et forêts apparaissent subrepticement, mais régulièrement. À ce titre, le retour vers la Comté est d'ailleurs un orgasme de tous les instants. Certes courts, mais pas moins puissant.

Autre gros soucis du film précédent, Howard Shore était complètement à l'ouest et nous gratifiait de compositions insipides, en ayant soigneusement pris soin de supprimer le thème de la compagnie. Bref, un massacre en bonne et due forme. Ici, tout en restant à des centaines de millions de lieues de la qualité des compo du SDA, le Monsieur nous gratifie d'une prestation très correcte. Les thèmes connus sont bien réutilisés, et surtout il y a le thème du Roi sous la Montagne, selon ma propre appellation. Décliné de manière appropriée, il jalonnera l'aventure comme un thème principal se le doit. Ce morceau apparaissait néanmoins dans l'épisode précédent, et il n'y a donc malheureusement pas grand chose de nouveau à se mettre sous la dent. Rien de fou au final, mais au moins la musique fait ici partie intégrante du film, c'est déjà ça de re-gagné.

Concernant les acteurs, Orlando Bloom s'éloigne de la catastrophe du film précédent, sans rejoindre pour autant le rôle réussi qu'il avait dans le SDA : il est simplement insipide. Evangeline Lilly, qui était magnifique mais inutile, n'est en revanche plus qu'inutile. Heureusement, Martin Freeman est toujours exceptionnel, Richard Armitage est un peu moins convaincant mais fait toujours le job. Luke Evans (Bard) est quant à lui un clone humain du Legolas du SDA (tant physiquement que dans son interprétation), au charisme tout relatif, son importance lui portant donc préjudice (acteur pas fou avec un rôle secondaire, ça passe ; acteur pas fou avec un rôle principal, ça passe moins). Ian McKellen, quant à lui, fait du Ian McKellen.

J'ai sinon globalement l'impression que Jackson a essayé de se débarrasser de toutes les scènes embarrassantes construites auparavant, celles qui déplaisaient aux gens de manière assez unanime : le Nécromancien est éclipsé dans une scène Caméo assez rapide pour être fun, bien qu'étant esthétiquement d'un goût étrange ; le trio amoureux est toujours là, toujours trop présent et toujours aussi inutile, mais tout de même mis au second plan ; etc. Des disparitions partielles bienvenues.

Si le film n'est pas dépourvu de moments et dialogues moyens, il sait aussi offrir quelques scènes magnifiques, à l'image du retour du roi. La qualité orgasmique présente dans chacun des plans du Seigneur des Anneaux est évidemment absente, mais on ne s'en retrouve pas moins devant un blockbuster agréable, bien qu'un peu long. Finalement, sans le plagier cette fois, ce troisième volet est assez proche du SDA vu par Jackson, avec son côté conte délirant assumé remplaçant la noirceur du SDA.

La question à se poser est donc : qu'est-ce qui fait que ça marche dans Le Seigneur des Anneaux, et pas dans le Hobbit ? L'assaut de Thörin est riche en frissons, mais qu'est-il face à la charge du Gondor ? La bataille des cinq armées est bien mise en scène, mais qu'est-elle face à la bataille du Gouffre de Helm ? La fraternité de la compagnie est touchante, mais qu'est-elle par rapport à celle de la Communauté ? Martin Freeman est parfait, mais qu'est-il face à Vigo Mortensen ? Finalement, qu'est-ce que la trilogie du Hobbit face à la prestance et à la magnificence de celle du Seigneur des Anneaux ?

Un avant-goût, peut-être, un apéritif. La pièce maîtresse de Jackson restera toujours derrière lui, en attendre ne serait-ce qu'un équivalent était illusoire. Alors si tout est ici loin d'être parfait, Jackson n'en répare pas moins certaines erreurs précédemment commises, et termine ainsi l'aventure dignement. Le lien avec la suite des évènements est d'ailleurs très réussi, et conclut magnifiquement cette nouvelle trilogie. Assez pour me donner envie de me replonger une nouvelle fois en Terre du Milieu. Alors, le Mordor, c'est par où Gandalf ?
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le 10 déc. 2014

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