Epique quoi encore ? (Cinevibe.fr)
C’est ce mercredi qu'est sorti en salles le troisième épisode du Hobbit signant par là même la fin des aventures d’un Bilbon Sacquet encore jeunot ainsi que (on l’espère) celles de Peter Jackson en Terre du Milieu. Car il faut bien avouer que cette nouvelle trilogie aura eu bien du mal à se hisser à la hauteur de ses illustres ainés tant en termes de narration que d’ambition. Alors qu’Un voyage inattendu se complaisait dans une mise en place inutile pour mieux reprendre du poil de la bête, sa suite directe La Désolation de Smaug, elle, parvenait au contraire à créer un véritable engouement en dessinant de véritables enjeux tout en prenant une dimension romanesque inattendue. Un mouvement de balancier qui n’augurait pas forcément du meilleur pour cet ultime volet si l’on se fiait à la logique purement jacksonienne de ce triptyque soufflant constamment le chaud et le froid en se perdant dans d’inlassables chemins de traverse. Et pourtant la fin de La Désolation de Smaug se concluant sur un cliffhanger puissant à défaut d’être dantesque laissait entrevoir une lueur d’espoir quant à la direction prise. En d’autres termes, passé un rodage plaisant laborieux (Un voyage inattendu), les aventures de Bilbon allaient enfin renouer avec le caractère épique et merveilleux du Seigneur des Anneaux comme le laissait sous entendre un sous titre o combien évocateur : La Bataille des Cinq Armées. Et sur ce plan, il est vrai que Peter Jackson ne trompe pas son public. Bourré de morceaux de bravoure, de séquences plus épiques les unes que les autres, La Bataille des Cinq Armées envoie du lourd pendant plus de deux heures embarquant le spectateur pieds et poings liés dans de dantesques combats à ciel ouvert. Seulement voilà : aussi épique soit sa bataille des cinq armées, elle demeure beaucoup trop mécanique et fonctionnelle pour créer une réelle implication chez le spectateur. Là où la bataille finale du Retour du Roi (pour ne citer qu’elle) émerveillait par sa propension à nous transporter au cœur du conflit par l’entremise de personnages forts, celle de ce dernier volet ne suscite qu’un intérêt poli du fait même qu’elle ne charrie aucun enjeux émotionnels. Installé sur des rails, Le réalisateur de Braindead se fait visiblement plaisir en filmant elfes, nains, orques et autres guerriers se foutrent sur la tronche sans toutefois y apporter une quelconque portée émotionnelle. Aux frissons et autres applaudissements provoqués par les morceaux de bravoure dantesque de la trilogie matricielle, succède ici une espèce d’indifférence qui se ressent jusque dans la mise en scène d’un Peter Jackson toujours efficace mais jamais réellement audacieux. D’où l’impression d’assister à une espèce d’immense beat’em all auquel on aurait pas le droit de tâter, seulement permis que nous sommes de suivre tout cela bien docilement en bouffant notre pop-corn....