Ce qu’il y a de bien avec la trilogie du « Hobbit », c’est qu’après un début peu convaincant et une suite catastrophique, l’on ne pouvait plus décemment avoir aucune attente pour la conclusion. Sans surprise, ce dernier volet ne s’avère guère plus réussi que les précédents, mais, étonnamment, ne constitue pas non plus la calamité annoncée.


Nous retrouvons les principaux arcs narratifs dans l’état où Jackson les avait laissés. Principalement, le dragon Smaug, énervé par les nains de Thorin, s’est envolé d’Erebor et projette une démonstration de ses talents pyrotechniques sur la petite ville de Laketown. Fort légitimement inquiets, les habitants de celle-ci tentent de s’enfuir en sauvant tant bien que mal ce qu’ils peuvent. Le seul espoir de la cité repose sur Bard l’Archer, seul homme capable d’abattre Smaug, à condition toutefois de disposer du matériel adéquat.


Du côté d’Erebor, Thorin ne laisse pas une minute à ses onze compagnons pour savourer la reconquête de leur bastion mythique. Le roi nain n’est obnubilé que par une chose : retrouver le joyau perdu de la montagne, la légendaire Arkenstone. Devenant peu à peu paranoïaque et tyrannique, il fait barricader l’entrée de son castel, une forteresse inexpugnable (à moins de disposer d’un dragon, bien sûr).


Le bruit de la réussite de la compagnie s’est toutefois répandu comme une traînée de poudre, et nombreux sont ceux qui convoitent les trésors inestimables de la montagne solitaire. Une armée d’elfes, une autre de nains, prêts à en découdre, ne tardent pas à rappliquer. Comme si la situation n’était pas déjà assez compliquée, les forces du mal, heureusement fidèles à leur réputation de stupidité, ne comptent pas laisser les peuples libres se mettre joyeusement sur la gueule avant d’intervenir.


Grossièrement, le film se divise en deux parties. La première s’attache à donner un aperçu aussi général que possible de la situation. L’accent est mis sur la montée de la folie chez Thorin, l’ascension de Bard l’Archer, et les différentes revendications des peuplades impliquées. Lorsque la bataille – inévitable – commence, de la même manière, l’on s’intéresse à son déroulement global, et non à quelques personnages en particulier. La seconde partie, quant à elle, se consacre aux héros mis en valeur dans les épisodes précédents, et à leurs destins respectifs au sein de la mêlée générale.


Evidemment, cette division constitue le premier déséquilibre. Car, si la première partie est assez équilibrée, correctement construite, la seconde laisse quasiment uniquement part à l’action, et c’est clairement ce que Jackson fait de moins bien.


Les défauts des épisodes précédents sont toujours bien marqués dans le film. Le plus criant, c’est ce triste résultat sur les décors et les paysages filmés par Peter Jackson. Bien loin des visuels superbes de la trilogie originale, l’on a ici droit à une photographie qui, au mieux, reste fadasse, et au pire, confine à l’atroce. Les décors sont franchement ratés – mention particulière à Laketown, qui, avec une vraie direction artistique, aurait pu être une vraie réussite. Notons toutefois la présence de quelques plans réussis (sur la fin, par exemple), et de quelques rares séquences où l’on peut effleurer l’esprit des anciens films de Jackson.
Le deuxième défaut concerne l’inégalité du traitement des personnages. Si certains acteurs continuent à s’en sortir honorablement – c’est un plaisir de retrouver Bilbo – d’autres sont toujours, hélas, aussi insupportables. Sans compter que, si Bilbo et Thorin bénéficient tous deux d’une toute relative qualité d’écriture, la plupart des autres protagonistes constituent autant de caricatures totalement interchangeables et sans substance.


Bon, comme d’habitude chez Jackson, il y a toujours des trucs qui font hurler… (Syndrôme Jar Jar Binks ?)
Que le spectateur se rassure, l’on pourra vouer aux gémonies le réalisateur néo-zélandais et sa romance entre deux des personnages les plus inintéressants de la trilogie (mais qui bénéficie d’une conclusion cathartique, à défaut d’être satisfaisante). Le réalisateur ne semble pas pouvoir s’empêcher d’intercaler quelques scènes d’action prodigieusement débiles (faut-il rire ou pleurer lorsque Legolas remonte sur un pont en sautant de pierre en pierre sur des rocs en chute libre ? le physicien en moi souffre). Et, tout le passage à Dol Guldur me fait l’effet d’un médicament immonde : sachant que l’on n’y coupera pas, l’on ferme les yeux, et l’on attend que ça passe.


Pour autant, ce dernier Hobbit est loin d’être la purge infâme que nombre de ses éléments semblaient présager. L’on retrouve avec plaisir Bilbo, seul véritable personnage intéressant de la trilogie, et l’on ne s’ennuie finalement pas trop. Le résultat est évidemment bien triste lorsque l’on compare ce film à l’aune des premiers films adaptés de Tolkien par Jackson (qui comportaient leur lot d’incohérences, mais ne prenaient pas le spectateur pour un pigeon).
Ma note est sans doute un peu généreuse, mais ce Hobbit m’a permis d’oublier pendant deux heures l’inconfort de mon siège d’avion, ce qui est toujours appréciable.

Aramis
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le 25 août 2015

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