Peter Jackson clôt sa seconde trilogie avec une bataille. Celle des cinq armées, qui a de quoi faire frémir, réunissant bon nombre de créatures de la Terre du milieu. Retour moins clinquant que celui du roi dix ans plus tôt, ce dernier film a le mérite de ne pas en réclamer un autre.
Devant cette Bataille des cinq armées, on ne peut s'empêcher, de façon nostalgique, de se remémorer la trilogie d'origine. Tout ce qui faisait son sel, sa puissance, a quasiment disparu. Ce dernier film n'est qu'une grosse bataille (histoire du film = bataille, rien de plus), certes plutôt bien chorégraphiée, mais aux enjeux dérisoires (quelques pièces sous une montagne). Dans Le Retour du Roi il y avait aussi une bataille, gargantuesque, celle de la dernière chance. Les hommes et les elfes s'unissaient dans un combat épique pour éviter la fin du monde. L'atmosphère anxiogène nous emportait aux cœurs des personnages, priant pour leur courage. Dans Les Deux Tours déjà une bataille à 300 contre 10.000 nous faisait trembler puisqu'un royaume courrait à sa perte. Ici, à peine un petit village de réfugiés. Dans La Bataille des cinq armées tout est plat, il n'y a guère plus qu'une vulgaire histoire d'amour à peine crédible entre une elfe et un nain pour donner un souffle dramatique à la situation, et on s'ennuie ferme.
Le désastre de ce dernier volet témoigne de la catastrophe artistique liée autour de ce projet. Il était déjà difficile de s'appuyer sur un conte pour enfant, qui manque forcément de souffle, pour passer après un chef d’œuvre absolu d'épique et de frayeurs comme Le Seigneur des Anneaux. Mais lorsque les producteurs décident d'étirer la longueur de ce livre pour enfant de même pas 300 pages à hauteur de l'adaptation des 1000 pages du Seigneur des Anneaux, la catastrophe était présagée.
Le résultat est une trilogie en forme de trois semi-films rempli de semi-hommes. Le dernier ressemblant davantage à un film nain, avec pour seul bagage, une bataille étirée sur plus de deux heures.
Peter Jackson, trop gourmand, aurait largement dû se contenter de deux films, voire d'un seul. Le Hobbit n'étend suffisamment pas l'univers de Tolkien pour que trois gros films soient légitimes. Ici on se répète jusqu'à l'usure. Une façon de quitter la Terre du Milieu cette fois sans trop de regrets...