En fait, au départ je voulais pas mettre 6. J'étais plus parti pour un 7. Puis le lendemain, je me suis ravisé en me disant que ce film ne valait guère plus qu'un 5. Pas tellement pour le film en lui même, qui reste un bon divertissement, mais plutôt pour la déception qu'il m'a apporté. Seulement, cette saloperie de VS sur senscritique te fait passer du côté obscur de la force si tu estime qu'un film est tout juste moyen. Donc, je tranche pour un 6/10 qui même si il peut paraître sévère est finalement plus généreux que mon réel ressenti.
En gros, j'ai pas boudé mon plaisir, mais j'ai trouvé ça très moyen bof.

Mais cette note de 6/10 c'est aussi parce que je me donne quelques gardes fous. Tout d'abord faudrait que je le revois, j'ai énormément de mal à me faire un avis sur un film de cette ampleur en seul visionnage. Ensuite, connaissant Jackson et son penchant commercialo/pervers il y aura sûrement une version longue plus immersive, avec plus de détails et d’anecdotes. Et enfin parce qu'il s'agit d'une trilogie et que les choses vont s’emboîter avec des explications qui j'espère me donneront satisfaction. Personnellement, sur la trilogie du Seigneur des Anneaux, j'ai toujours trouvé la Communauté de l'Anneau (premier volet) un peu longuet, voir carrément chiant. Mais totalement indispensable tant il met en place des éléments importants pour les deux films suivants, ce qui au final rend le tout très bon. Je pars donc de ce postulat, il y aura des suites, l'heure venue, je jugerais dans la globalité.

Si Jackson a décidé de finalement se lancer dans une trilogie filmesque en se basant sur une si petite œuvre, c'est parce qu'en cours de projet il a acquis les droits de la plupart des annexes du Seigneur des Anneaux, qui fourmillent d'aventures, de contes, de légendes et d’historiettes. Il est d'ailleurs bizarre qu'il n'ait pas obtenu les droits de Tom Bombadil (qui manque cruellement dans la Communauté de l'Anneau). M'enfin voilà, les dés sont jetés, il ne s'agira pas que d'une simple adaptation, mais bien d'un tout revu et corrigé par Jackson. Ca peut faire peur, alors serrons les fesses et voyons voir.

Nous voici embarqué pour une nouvelle quête et si j'attendais ce film avec une certaine impatience, les bandes annonces m'avaient quelque peu refroidit. Ce sentiment fut appuyé à la fin du visionnage. Il y a quand même beaucoup de choses qui m'ont embêtées dans ce film. Je précise immédiatement que, comme tout le commun des mortels, je l' ai vu dans une salle normale, sans 3D.

Tout d'abord, puisque c'est un des arguments de vente principal, les effets spéciaux. Je les ai trouvé moche pour la plupart, j'ai eu l'impression de revoir ceux d'il y a 10 ans. Malheureusement, ce genre de technologie, c'est pas comme un bon vin, ça ne se bonifie pas avec l'âge. Ce sentiment est appuyé par le fait qu'il y en avait trop et placés souvent de façon injustifiée. On voulait nous en mettre plein la vue, au final il y a gavage. Je ne citerais qu'une scène pour illustrer mon propos, celle où Bilbon fume la pipe devant sa maison. Il recrache de la fumée en image de synthèse ! Alors quand ils font des formes bizarres, je comprends, mais quand ils fument normalement, je vois pas trop l’intérêt. Ce que je veux dire, c'est qu'à la limite, des effets spéciaux pas très beaux on s'en fout un peu, parce que si ils sont là par nécessité, on comprend leur utilité. Ici j'ai eu l'impression d'avoir été perfusé au ILM et ça m'a gâché un peu le plaisir car j'ai vraiment fait une overdose.

Mais au delà des effets spéciaux, j'ai trouvé la mise en scène parfois bancale, voire ridicule. Le passage chez les elfes est extrêmement solennel, consensuel et ça en devient pénible de pureté. Parfois on se croirait dans une pub pour une lessive tant tout est propre, rangé et bien plié. Même les feuilles mortes sont subtilement posées là où il faut qu'elles soient et l'image en devient trop édulcorée. Je crois qu'on atteint le summum avec l'apparition de Galadriel, qui, juchée sur une plate-forme, tourne sur elle même sans bouger les pieds pour faire face à la caméra. C'est immonde, en plus, la robe suit pas le mouvement et s'enroule autour de ces jambes, ce qui nous amène à un magnifique faux raccord au plan suivant. Amateurisme ou je m'en foutisme ? On croirait cette scène pompée sur celle du tapis roulant de Jacques Demy dans les Parapluies de Cherbourg. Et croyez moi, pomper sur les Parapluies de Cherbourg, c'est pas glorieux. En plus, cette séquence n'est pas sans rappeler celle de la Communauté de l'Anneau qui se déroule dans les mêmes lieux. C'est embêtant d'avoir l'impression d'être devant un remake alors que ce n'est pas le cas.

Ensuite, ce qui m'a beaucoup gêné c'est cet espèce de syndrome Indiana Jones 4, qui rejoint un peu mon propos précédent sur les effets spéciaux. Vous savez, ce passage désormais mythique qui a fait passer Indy du rang d'aventurier à celui de guignol en 4 malheureux plans ? Ca y est, vous y êtes ? Oui ! Le passage du frigo qui protège d'une bombe atomique. Ca aurait été drôle si ça n'avait pas piétiné nos souvenir d'enfance. Ben là, j'ai eu ce même sentiment à plusieurs moments. Jackson (par manque d'histoire à raconter?) a voulu faire du spectaculaire à tout va et je trouve que ça va un peu loin. Il y a du Roland Emmerich là dedans et pareil, c'est pas super glorieux.
Dans le Seigneur des Anneaux, nous savions que Aragorn, Legolas et Guimli étaient en quelques sortes des sur-hommes et les voir trucider du Troll à 100 contre 1 avait un côté totalement grisant, voir drôle car finalement, ça se prenait pas tellement au sérieux. Surtout avec leur jeu pour savoir qui en embrocherait le plus. Mais dans The Hobbit, l'humour est beaucoup moins subtil, et fait tomber l'action dans l'invraisemblable le plus ridicule. Deux passages en particulier m'ont donné ce sentiment, la course poursuite chez les Gobelins,où notre compagnie fait une chute insensée dans un ravin et s'en tire sans une égratignure et le passage dans les montagne où les nains se font valdinguer dans tous les sens et s'en sortent indemne, le tout saupoudré par un suspens à deux balles. C'est spectaculaire et pour autant ça nous en met pas plein la vue. Ca fait juste tâche. Et les blaguounettes des nains à l’atterrissage alourdissent considérablement le tout.

Autre chose, j'ai trouvé les clins d’œil au Seigneur des Anneaux un peu lourdingues. J'étais le premier à réclamer des clins d’œil hein, mais de façon plus fine. Quand Bilbon trouve l'anneau, c'est carrément la célébrissime musique d'Howard Shore qui repart à fond les ballons. J'en suis à penser que si ils avaient tant de chose à dire sur l'anneau, ils auraient du le placer dans la saga initiale. Et pour les gens qui n'ont pas vu la première trilogie, ça rime à quoi ? De plus, le passage où Bilbon se retrouve dans l'autre monde n'apporte strictement rien au spectateur qui n'aurait pas vu les premiers films. Déjà que pour ceux qui ont vu ça n'apporte pas grand chose... Et même pire, ça nous amène à nous poser des questions plutôt gênantes et embarrassantes sur le fait que Bilbon, même en danger, ne se serve pas de l'anneau pour se protéger des ennemis par la suite.

Ce qui conduit inévitablement aux questions gênantes qu'on est en droit de se poser à la fin du visionnage et qui n'ont pas de réponse dans le film :

-Quand à la fin la troupe se fait attaquer dans les arbres, pourquoi Bilbon ne met-il pas son anneau pour échapper à l'ennemi ?
-Si Gandalf a le pouvoir d'envoyer valser la moitié d'une armée de Gobelin avec de la lumière, pourquoi fuit-il ensuite ?
-Et pourquoi ne refait-il pas le coup de la lumière aux trolls ?
-Pourquoi Gandalf n'appelle t' il pas les oiseaux géants dès le départ de la comté et surtout, pourquoi les oiseaux posent-ils la troupe si loin de leur objectif ?
Aucune réponse apportant un embryon d'explication ne sera proposée durant le film, et j'avoue que ça me gêne un peu beaucoup quand même.

Mais, mais, mais... j'ai quand même pris un sacré pied avec certaines séquences. Si durant la projection je n'ai pu réprimé 2 ou 3 bâillements, ces passages là m'ont littéralement scotchés.

Tout d'abord, l'introduction du film. Même si j'aurais aimé en voir plus de la comté et de ses habitants, j'ai plongé tête la première dans l'univers dès les premières minutes. L'arrivée des nains au compte goutte est juste parfaitement orchestrée et le joyeux bordel qu'ils mettent est des plus plaisant. Les chansons sont chouettes et arrivent au bon moment. D'ailleurs j'ai toujours trouvé que ça manquait dans la trilogie initiale, dans Tolkien normalement, ça chante partout, tout le temps.

Zappant le passage des nains accrochés au genou du géant de pierre, j'ai trouvé la séquence des montagnes énorme, même si elle arrive un peu comme un cheveu sur la soupe. Dommage que ça n'ait pas été amené de façon plus subtile. Un peu comme avant de rentrer dans la Moria. Gandalf dit un truc du genre « les nains ont creusé trop profondément et ont réveillé un mal ancien » quelques minutes plus tard apparaît le Balrog qui fait fuir l'armée de gobelins, c'est énorme ! Ben là, si ils l'avaient suggéré avant (quand ils étudient le plan par exemple), ce passage aurait alors été explosif. Ce film ne sait pas créer d'attente chez le spectateur et c'est fort dommage.

J'ai beaucoup aimé les énigmes avec Gollum. Ce passage ralenti considérablement le rythme du film mais donne de précieux renseignements sur le caractère de Bilbon. En plus, moi qui suis nul en charade, j'ai été trop content d'en trouver plein. J'ai trouvé ça poétique, enfantin, envoûtant.
Tout ça pour en venir à l' ultime point fort du film selon moi : la prestation de Martin Freeman. Déjà je l'avais beaucoup aimé dans H2G2 et dans shauwn of the dead, mais là je trouve qu'il crève l'écran. Il joue juste, et contrairement à beaucoup d'autres il n'en fait pas des caisses. Excellent choix.

Donc, même si globalement le film semble avoir plus de défauts que de qualité, il n'en reste pas moins un chouette film d'héroic fantasy et un agréable divertissement. Même si il reste ni plus ni moins qu'un catalogue de la Terre du Milieu.

Vous l'aurez remarqué, j'ai beaucoup comparé cet opus à son grand frère. Ca me paraissait indispensable tant certaines maladresses présentent ici avaient été judicieusement évitées dans le Seigneur des Anneaux. Aussi parce qu'il me paraît difficile d'aborder ce film sans avoir vu la première trilogie de Jackson. Et d'ailleurs, le plan final sur Smaug ne fait-il pas penser à l’œil de Sauron ? Il y a fort à parier que le deuxième volet ressemble étrangement aux Deux Tours.
C'est donc un sentiment mitigé pour moi, j'espère que la suite des aventures du hobbit me donneront tord et me feront finalement rehausser ma note. Mais à vrai dire, j'y crois pas trop.
villou
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le 17 janv. 2013

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villou

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