Parmi les œuvres qui composent la mythologie érigée par J.R.R. Tolkien, The Hobbit or There and Back Again est à ma connaissance la plus accessible. Moins de grandiloquence que dans les autres nouvelles et romans, moins de distance prise par rapport aux personnages et évènements, un sens de l’épique plus réservé dans la narration, et même de l’humour, qu’on ne retrouvera que rarement dans le travail de l’auteur. C’est là le premier et principal atout que je souhaite reconnaître à son adaptation : Peter Jackson a su selon moi concilier conte homérique et conte familial pour traduire en images l’ambiance « semi-épique » du livre.

D’aucuns trouveront dérangeante cette volonté de mêler un esprit sympathique et presque bon enfant à un récit héroïque. Nombreux sont ceux qui, à cause de cet aspect, ont trouvé le film inconséquent par comparaison avec le Seigneur des Anneaux. Pourtant, en ce qui me concerne, Peter a bien fait son job : les personnages ont une authenticité qui nous permet de les reconnaître tant dans les scènes « fun » que dans leurs moments de bravoure. On ne s’est d’ailleurs pas privé pour utiliser à ces fins le capital sympathie de Martin Freeman. Le décor, et la façon dont il est montré – plans très larges, grands mouvements de caméra, vous connaissez – nous placent dans l’univers connu de la première trilogie, et permet au réalisateur de développer. Le scénario contribue bien sûr à cette ambivalence : parce que le film est long et intelligemment construit, le spectateur peut sans honte sourire avec indulgence pendant les gags et toujours frissonner devant les enjeux de l’aventure.

Parlons-en, de la longueur du film. Lorsque la nouvelle d’une construction en trilogie est sortie, il était de bon ton de s’esclaffer. « Trois films de trois heures chacun pour adapter un seul bouquin ? Quelle blague capitaliste. » Pour ma part, et grâce à un abonnement UGC couvrant les trois séances, la décision en elle-même ne me dérangeait pas. Je voulais ne juger qu’au résultat ; le résultat m’a convaincu. Un rallongement de l’histoire pour satisfaire à des pratiques hollywoodiennes ? Oui, et alors ? S’il faut du temps à Peter Jackson pour proposer des scènes d’action riches en effet domino, une entrée en scène importante d’Andy Serkis ou des séquences dramatiques explicitant le passé des personnages, le tout mâtiné d’un visuel époustouflant et d’une direction artistique héritée de Guillermo del Toro, je lui en donne de bon cœur.

A mon sens, The Hobbit : An Unexpected Journey parvient à offrir dans le registre épique une expérience comparable à celle de The Lord Of The Rings, en façonnant une atmosphère nouvelle et rappelant l’unicité du roman. Taxer tout cela de « commercial » me paraît un peu sommaire, ne vous déplaise.
Ivain_Emey_Jr
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le 20 oct. 2014

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Ivain M.

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