Tout droit sorti des années 70/80, ce drame judiciaire semble déconnecter de son époque et transmet des valeurs moralisatrices et puritaines assez redondantes qui finissent par vraiment agacer. Le film est diriger par David Dobkin, un yes man parmi tant d'autres, plus habitué aux comédies potaches qui vont du mauvais ( Shanghai Kids 2 ) aux sympathiques ( Serial Noceur ) sans jamais avoir fait de véritables bons films.
D'ailleurs ici sa mise en scène sera grossière et beaucoup trop appuyée ( la récurrence des films de familles pour venir souligner un moment riche en émotions ) notamment lorsqu'elle essaye de faire dans le symbolique ( le père et le fils qui marche dans des directions opposés ). Pourtant elle sera quand même relativement correcte, elle reste impersonnelle mais accompagne l'histoire convenablement même si parfois elle fait dans l'excès de zèle et rate ses effets, elle peut aussi faire preuve de quelques bonnes surprises. Comme sa façon très frontale de montrer la maladie et la vieillesse dans une scène relativement inattendu ce qui la rend encore plus forte sans qu'elle tombe dans le misérabilisme ou le sensationnel. D'ailleurs le film arrive plutôt bien à capter les moments entre les trois frères ou les confrontations avec le père, qui sont vraiment touchantes voire parfois poignantes mais le film va souvent trop loin et tombe dans le tire-larmes moralisateur ce qui devient par moments vraiment dommageable. Ce qui fait que le film jongle constamment entre une pudeur bienvenue ( magnifique scène de pêche entre père et fils toute en retenue ) ou un académisme grandiloquent qui appuie trop ses effets. De plus ces passages ne sont pas aidés par une musique pompeuse et agaçante qui est constamment à coté de la plaque.
Pour ce qui est du scénario ce n'est pas fameux non plus, le film cumule les clichés habituels de ce genre d'histoire comme le fils qui revient dans sa ville natale après des années qui retrouve son amour de jeunesse qu'il n'a jamais cessé d'aimer, qui va faire le point sur sa vie, comprendre ce qui est vraiment important à savoir la famille, etc. Aucune imagination se dégage de l'histoire, c'est du vu et revu qui ne se donne même pas la peine de varier son propos comme si le film avait copier ce qui avait été déjà fait et ne se serait même pas embêter à changer les dialogues écrits par ses prédécesseurs, en gros c'est juste du copier-coller ce qui souligne la fainéantise de l'ensemble. Aucun suspense ne se dégage du scénario, le parcours psychologique du fils est classique et prévisible à souhait, les personnages sont caricaturaux au possible tandis que le film tombe dans un manichéisme rebutant ( le méchant procureur est ridicule ) et l'ensemble se montre incroyablement moralisateur et distille une morale surannée et puritaine. En gros tous ce qui m'agace au plus haut point dans ce genre de drame à l'américaine surtout que celui-ci se permet des digressions inutiles comme tous ce qui entoure la romance mal exploitée du film ou l'accident survenue dans la jeunesse des fils qui est de trop. Le film accumule donc les longueurs et aurait gagné à avoir 40 minutes en moins, ce qui lui aurait permis d'être plus resserré dans son propos et d'avoir plus d'impacts car parfois ici l'ennui guette.
Mais ici l'ensemble est clairement articuler pour le face à face entre Robert Duvall et Robert Downey Jr et sur ce point difficile d'être déçu car les deux acteurs sont excellents même si Downey Jr a toujours tendance à se la jouer Tony Stark ( avec réutilisation des T-Shirts à la clé ) ce qui peut à certains moments agacer, mais il arrive parfois à faire preuve de plus de subtilité et montrer une vraie sensibilité de jeu et il surprend même à quelques reprises par sa justesse dans un registre ou on n'a pas l'habitude de le voir. Pour Duvall rien à dire il est impérial et ils sont tous deux accompagnés de seconds rôles solides et très talentueux même si parfois leurs utilités sont à discuter.
En conclusion The Judge est un film moyen, constamment entrain de souffler le chaud ( certains passages gracieusement mis en scène ainsi qu'un casting impeccable ) et le froid ( scénario tire-larmes, déjà-vu et académique qui souligne une écriture risible ) en tentant de s'imposer comme un film à oscars sans en avoir les épaules. On assiste donc à un résultat bancal qui a tendance à agacer et à être bien trop long mais qui grâce à des acteurs au sommet arrive vraiment à émouvoir. Mais voilà quelques belles scènes n'arrive pas à sauver un film qui cède trop à la facilité et au sentimentalisme grossier, qui sans son duo d'acteurs n'aurait même jamais susciter l'intérêt.

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le 25 oct. 2014

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