Dans le comté de Romney Marsh en Angleterre, au milieu du XVIIIe siècle, rôde un bandit de grand chemin qui se fait appeler l’Epouvantail et que les troupes du roi recherchent activement. Seulement, ce bandit n’est autre que le vicaire de la paroisse de Dymchurch, Dr Syn (Patrick McGoohan), qui a instauré un réseau de contrebande pour aider les plus démunis, et ainsi lutter contre les effets dévastateurs des taxes étouffantes imposées par le roi Georges III à son peuple. Entre les autorités et le pasteur contrebandier s’installe un bras de fer musclé, dans lequel les villageois devront choisir leur camp…


Inspiré d’une série de romans écrits par le britannique Russell Thorndike, Le Justicier aux deux visages est en fait une réduction en film des trois épisodes constituant la mini-série L’Epouvantail, produites par les studios Disney, due à l’insistance du producteur Bill Anderson, qui voulait toucher le public le plus large possible. Pourtant, un spectateur non averti pourra regarder ce film sans repérer les inévitables coupures qui ont été faites par rapport à la série de base, la cohérence scénaristique étant assuré par un montage plutôt habile (quoique pas toujours sans faille).
Soucieux d’apporter au récit la plus grande authenticité, c’est sur les lieux même du récit que Walt Disney fait transporter le tournage, dans la région de Romney Marsh. C’est sans doute ce qui confère au film sa grande crédibilité, même si celle-ci se solde par une austérité de mise en scène qui pourra rebuter les moins enthousiastes, mais qui permet de se concentrer sur le récit. De fait, le scénario, signé Robert Westerby, s’avère d’une densité narrative étonnante (sans doute permise par le format initial de trois épisodes de 45 minutes), privilégiant constamment une écriture rigoureuse de l’histoire et des personnages à une action somme toute très réduite.
C’est donc avec un intérêt constant que l’on assiste à un bras de fer très serré entre les bandits et les autorités, d’autant que le casting, constitué d’illustres inconnus (sauf, à la rigueur, Patrick McGoohan), remplit parfaitement sa mission, et que le scénario n’a pas oublié de placer un entre-deux avec le personnage de l'opportuniste Joseph Ransley, constamment tiraillé entre les deux camps. La musique dynamique de Gerard Schurmann et la photographie efficace de Paul Beeson viennent compléter à point nommé la qualité artistique d’un divertissement historique qui se place dans la parfaite lignée d’un Walter Scott ou d’un Alexandre Dumas. Lorsque le film se termine, on se dit que, décidément, on vit dans une époque bien triste, la télévision ayant complètement renoncé à essayer de fournir des divertissements aussi rigoureux et intelligents aux jeunes générations d’aujourd’hui…

Tonto
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le 10 nov. 2017

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