
Le lendemain du crime est un gentil film typique de sa décennie, gentiment réalisé par un gentil réalisateur pas fait pour Hollywood. La performance a été saluée par principe par la nomination de Fonda à l'Oscar, et l'ambiance reste au moins cohérente dans ce qu'elle nous offre de kitsch mais d'agréable. Au fond, cependant, son irrégularité n'a jamais été tenue secrète et il aurait été un miracle que Fonda décroche vraiment l'Oscar compte tenu de son interprétation bipolaire d'un rôle hachuré.
Sans transitions, le film a pour objet de faire passer les personnages d'un état d'esprit à l'autre le plus rapidement possible, sans doute pour les faire mieux découvrir. Ça implique de barder le film de sautes d'humeur éculées ? Qu'à cela ne tienne : les habitants de Los Angeles vivent à un rythme effréné et sans nuances, il faudra que le spectateur s'y fasse. En revanche, la romance fonctionnera à peine à force qu'on placarde des pansements scénaristiques ridicules sur la jambe de bois qu'elle est. Dommage car tout n'est pas si mal si on met de côté le crime, l'horreur et l'amour (90% du film, oui) pour ne garder que les petits moments de flottement.
Oppressé par le cahier des charges, Lumet délivre à contrecœur un film discordant où il se contente du strict minimum en termes de réalisme et laisse son casting récupérer ce qu'il peut en roue libre. Et encore, j'exclue la musique qui tente désespérément d'augmenter sa teneur dramatique... aux moments les moins subtils.