---Bonjour voyageur égaré. Cette critique fait partie d'une série. Tu es ici au second chapitre. Je tiens à jour l'ordre et l'avancée de cette étrange saga ici :
https://www.senscritique.com/liste/Beauty_of_the_Beast/1620017#page-1/
Si tu n'en a rien a faire et que tu veux juste la critique, tu peux lire, mais certains passages te sembleront obscurs. Je m'en excuse d'avance. Bonne soirée. --


Il y avait du bon et du moins bon hier, mais le film m'a globalement laissée de bonne humeur, avec une envie curieuse de voir la suite. Et ça tombe très bien, parce que Universal Monsters n'est pas resté sur cette relative réussite. Ils n'ont pas un mais deux cycles consacrés au loup-garou, et si le premier était pour moi un passage de formalité, le second me fait me lécher les babines. Simple mais efficace, le film s'appelle Le Loup-Garou, et il date de 1941.


Si le film me fait rêver sur le papier, c'est pour son affiche. Les illustres inconnus pour moi d'hier sont remplacés par mes premiers héros de novembre dernier, et je ne doute pas qu'ils sauront donner du charme au lycanthrope autant qu'ils en donnaient au prince des vampires. ... Encore surprise, mais cette fois-ci pas dans le bon sens. Mais, alors non, commençons par le positif, qui reste majoritaire : j'ai beaucoup aimé ce film. Sur le plan du scénario, on retrouve de grosses similitudes avec le film précédent, avec une histoire de triangle amoureux plus ou moins avoué, un personnage désespéré et se perdant dans sa volonté de sauver l'être aimé, et même les deux petites vieilles, ivrognes et agressives, personnages totalement atypiques du Monstre de Londres, et qu'on retrouve ici comme un caméo, interprétées si je ne m'abuse par les mêmes actrices. Cependant si le film d'hier s'arrêtait à cette histoire basique, celui de ce soir est allé chercher sur des terrains encore inexplorés et tout à fait fascinant : la lycanthropie est décrite dès les premières images du film comme une maladie mentale, venant de l'esprit du patient, et le film est un film fantastique au sens le plus strict, jouant sur le mystère quant à la véracité ou non des choses que l'on nous montre jusqu'au dernier moment : y a-t-il réellement un homme-loup, ou sommes nous simplement enfermés dans la tête de cette homme qui devient fou ? Et si la fin semble nous révéler la réponse, une seconde lecture pourrait nous amener à rester piégés dans ce mystère. Mais ce qui fait surtout pencher la balance, c'est l'atmosphère du film. Ces ambiances brumeuses de forêt nocturnes, humides et oppressantes, me font me senti de retour à la belle époque, quand je chassais avec la meute de Brocéliande... Je dois m'attarder quelques instant sur cet effet absolument singulier du pentacle apparaissant aux yeux du loup-garou dans la main de ses victimes... Beaucoup des détracteurs du film utiliseront cet argument, mais je trouve au contraire que l'effet utilisé apporte beaucoup à l'ambiance et au scénario du film. On sait depuis toujours écrire dans une main, ce n'est pas compliqué, et on a pas attendu les effets spéciaux de cinéma pour ça. Si le réalisateur avait voulu rendre cette marque réaliste il aurait pu le faire, ce n'est pas un souci de moyen. C'était un choix tout à fait arrêté de sa part, étrange mais au final tout à fait justifiable que d'utiliser plutôt un gobo pour dessiner cette marque. Alors certes l'effet semble plus hésitant, révélant l'artifice au moindre mouvement de l'acteur sous l'éclairage scarifié, mais cela relève d'un effet irréel, nous mettant dans les yeux de l'homme déboussolé, seule à voir l'empreinte de la mort. Ce pentacle instable dansant sur la paume de la future victime laisse alors le spectateur aussi saisi de désespoir que le personnage. Et en parlant de personnage, le dernier élément qui vient pour moi sceller la réussite de la création de cette ambiance particulière à mi-chemin entre le poisseux et le gothique, c'est le personnage de la gitane. Véritable star du film à mes yeux, chacune de ses apparitions est une réussite totale, d'une justesse incroyable, nous laissant chaque fois transi par un sentiment d'horreur parsemé de note de mélancolie.
Mais alors c'est la que le bat blesse... Je l'ai dit, elle est pour moi la star du film, film qui a pourtant les noms de Lon Chaney et Bela Lugosi sur son affiche. Ce n'est pas de leur faute je pense, Bela Lugosi est toujours dans ce même jeu théâtral et grandiloquent qui ont fait sa gloire, et Lon Chaney joue les charmeurs comme seul lui sait le faire. Le problème, c'est le loup en moi qui hurle au scandale. D'autant plus qu'on me vendait une réussite totale, avec un vrai loup pour faire office de première apparition de la bête. Un animal massif et sombre, aperçu rapidement au détour d'un arbre, laissant au spectateur une délicieuse envie d'en voir plus ! Quel dommage ! Quel gâchis ! C'est quoi ce gros ourson ridicule en quoi vous avez transformé Lon Chaney ? Il ne fait pas peur, il ne ressemble pas à un loup du tout, il ne semble ni féroce ni cruel, au contraire, on a juste envie de lui faire des gros câlins ! Alors moi je veux bien, je l'ai déjà dit, il n'y a que les humains pour penser que nous sommes des monstres, alors que nous sommes des bêtes très tendres je peux l'assurer. Et cela fait bien longtemps que nous avons cessé de manger des humains chaque nuit... Mais la n'est pas le propos, et n'était pas le propos du film non plus, qui échoue à relever victorieusement le défi de nous bien représenter à l'écran par de ridicules questions de maquillage, alors que le reste de ce qui constitue le film était très prometteur.
Je ne peux m'empêcher de finir sur la canne en argent, arme tellement chic et dandy que je suis sure que c'est pour ça que les vampires nous jalousent depuis tout ce temps. Quand eux n'ont le droit qu'a de barbares pieux dans le cœur, nous avons le droit à la mort par crosse de canne en argent, au faciès canin. Et c'est amusant finalement de voir qu'Universal a attendu d'appeler son film réellement loup-garou pour amener notre principale caractéristique. C'est d'autant plus vrai qu'ils se sont détachés de la transformation uniquement aux nuits de pleine lune, caractéristique qui était plus ou moins en place, au bon vouloir du scénariste, dans le film de 1935. Ils ont eu raison. Les jeunes devraient voir ce film, ça leur retirerai beaucoup d'idées stupides que les légendes modernes leur ont portées. S'il est vrai que la plein lune nous apporte, entre autre, une vigueur toute particulière, il est idiot de penser que nous sommes conditionnés à devoir l'attendre pour nous transformer. D'ailleurs je n'ai pas ré-entendus les jeunes que j'avais sentis hier. Ils doivent croire eux aussi à cette histoire stupide. Je soupire. Je vais devoir leur apprendre. Après tout que serais-je sans celui qui m'a tout appris à moi aussi ? Et où est-il mon mentor d'ailleurs ? Est-il encore en vie, ou a-t-il succombé a cette guerre qui n'était pas la notre ?

Zalya
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le 8 nov. 2017

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