« The Wolf of Wall Street », ou quand Scorsese surpasse Gordon Gekko.

Quand on parle de Martin Scorsese, on ne peut s'empêcher de le lier de manière presque automatique avec Robert De Niro. Mais c'est sans compter que ces derniers temps, l'acteur fétiche du génial réalisateur se nomme Leonardo DiCaprio. Le duo nous revient en ce début d'année 2014 avec « The Wolf of Wolf Street », inspiré de la vie du trader américain Jordan Belfort.


Ce nouveau film du pape du cinéma respecte un enchaînement habituel dans la progression du héros : ascension – apogée – chute. Ce schéma est presque devenu la marque de fabrique de Scorsese dans sa filmographie (« Raging Bull », « Les Affranchis », « Casino »). Cependant, là où les films de l'américain restaient souvent grave et sérieux, « The Wolf of Wall Street » arrive à prendre un ton totalement décalé qui vire même souvent au comique. On va suivre durant près de trois heures l'ascension d'un gars moyen et doté d'un sens moral pour devenir un des traders les plus riches d'Amérique, une machine à pognon totalement dépravée. Certaines scènes, comme celle où Jordan Belfort (Leonardo DiCaprio) vend sa camelote de manière risiblement efficace par téléphone, font tout le génie du film et nous font rire de manière presque honteuse. De par ce côté décalé, incarné notamment par les moments où le narrateur s'adresse directement au spectateur, on arrive à percevoir le monde totalement irréaliste dans lequel ces traders vivaient. Le réalisateur de « Taxi Driver » arrive à rendre parfaitement cette impression d'un univers totalement différent du nôtre, déconnecté de toute réalité.
Si le début du film est saccadé et s'enchaîne très rapidement ; vers la moitié, le tempo ralentit. Alors, on entre plus profondément dans la tête et dans la psychose de Belfort, véritable Patrick Bateman (« American Psycho ») sans l'instinct meurtrier, un sociopathe des temps modernes. Ce qui impressionne vraiment c'est cette sensation de l'enchaînement logique des événements, comme si tout nous dirigeait vers cette chute inéluctable. Scorsese arrive à nous guider, sans fausse morale, à travers ce monde artificiel jusqu'au déclin total de ce dernier. Il est aidé en cela par un casting qui, si il n'est pas très « bling-bling » sur papier, joue de manière parfaitement juste. Entre un Leonardo DiCaprio aussi crédible en courtier débutant qu'époustouflant en véritable loup de la Bourse et un Jonah Hill aux airs ahuris mais véritable arriviste beau parleur, on ne pouvait rêver mieux pour interpréter ces rôles. D'ailleurs, il serait étonnant de voir ce DiCaprio, au sommet de son art ces dernières années, manquer l'Oscar du meilleur acteur cette fois-ci. Il faut dire que ces derniers temps, Leo a su parfaitement choisir ses réalisateurs, jugez plutôt : Sam Mendes, Ridley Scott, Christopher Nolan, Clint Eastwood ou encore Quentin Tarantino. Rien que le meilleur. Mention spéciale également pour un Matthew McConaughey méconnaissable et sa scène délirante mais exceptionnelle.
Scorsese reste donc une véritable valeur refuge dans le monde du cinéma et nous vend son film comme une obligation ; mais là, aucune perte et tout profit pour le spectateur.
Olivier_Eggermo
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le 25 déc. 2013

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