Projet longtemps en sommeil à Hollywood, passé entre les mains de Michael Mann, Tom Cruise ou Brad Pitt, Le Mans 66 réveille le film de bagnole sous la houlette de James Mangold. Au travers de la lutte entre Ford et Ferrari, le réalisateur de Logan livre un film à l’ancienne d’une grande efficacité.


Sans en avoir l’air, les films consacrés aux courses automobiles ne sont pas légion. On peut citer Jours de tonnerre, le pendant sur bitume de Top Gun. Il y a aussi La course à la mort de l’an 2000 qui lorgne vers l’univers dystopique. Le dernier en date à vraiment valoir le coup d’œil flirtait du côté de l’histoire vraie avec Rush, qui revenait sur la guéguerre entre les deux pilotes de F1 James Hunt et Niki Lauda. Pour son retour derrière la caméra après l’acclamé Logan, James Mangold suit cette trajectoire en prenant comme sujet la course mythique des 24h du Mans.


Au début des années 60, la suprématie de Ferrari s’empare du monde. L’écurie italienne fait également les beaux jours des courses automobiles, notamment au Mans, où elle règne sans partage. De l’autre côté de l’Atlantique, le géant Ford voit ses ventes frôler la panne sèche. Pour regonfler son ego et avec la farouche envie de bouffer du rital au petit déjeuner, Henry Ford II se met en tête de construire une voiture capable de battre Ferrari aux prochaines 24h du Mans. Pour se faire, il va faire appel au visionnaire Carroll Shelby ainsi qu’au pilote et tête brûlée Ken Miles.


Cinéaste à la filmographie aussi discrète que pudique, James Mangold est un faiseur de qualité. Copland, Walk The Line, 3h10 pour Yuma ou encore Logan. Le bonhomme s’aventure dans tous les genres tout en saupoudrant son cinéma de western. Il rajoute ici une nouvelle corde à son arc, renouant une nouvelle fois avec l’étiquette « histoire vraie » qui devrait lui faire retrouver les oscars. Le Mans 66 est un film qui se tient, bénéficiant d’un savoir-faire évident, que se soit dans la mise en scène ou l’interprétation. Le duo Damon / Bale fait des étincelles à travers de ces personnages aux antipodes qui se trouve un amour commun pour les belles bagnoles et la gagne.


Aussi classique qu’efficace, notamment dans les scènes de course où la caméra de Mangold prend vie, Le Mans 66 parlera bien-sûr aux passionnés. Mais le film dépasse sa carcasse et profite de son sujet pour refaire une couche de peinture à Hollywood. Les patrons de Ford pouvant s’assimiler aux producteurs, ces décideurs de l’imbécilité. Alors que les coureurs et concepteurs s’apparentent aux réalisateurs et à la bataille qu’ils doivent mener contre les exécutifs pour imposer une vision qui, à l’image du film, saura séduire le public par un certain parti pris. Sans le savoir à l’époque, mais Le Mans 66 est un film symbolique. Avec le rachat de la Fox par Disney, Mickey aura vite fait de couper les oreilles à ce type de production, à savoir un film d’auteur habillement déguisé en cinéma populaire et grand public.


Générique de fin : Film généreux sur le fond comme sur la forme, Le Mans 66 bénéficie du savoir-faire de son réalisateur et de ses stars, dont Christian Bale qui vole encore la vedette à tout le monde. Si certains traits auraient pu prendre davantage d’importance, comme les relations entre personnages, le film dépasse sa condition de divertissement pour offrir diverses réflexions intéressantes en sous-marin. Des nuances bienvenues pour un spectacle à la hauteur de ses promesses.


https://lepetitjournaldefresnel.wordpress.com/2019/11/15/le-mans-66-on-the-road-again/

Breaking-the-Bat
7

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le 29 avr. 2020

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Valentin Pimare

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