Buster qui tonne.

Héros maudit du cinéma, Buster Keaton n’a jamais vraiment joui du fruit de son immense travail. Pour évaluer ce qui reste de son héritage, rien de mieux que de se faire un petit visionnage d’un de ses classiques avec une poignée d’ados. C’est parti. L’histoire un peu complexe est celle d’un gusse qui a pour saine occupation de conduire et entretenir la General, une locomotive toute belle. Il est amoureux d’une jolie nana qui n’a d’yeux que pour les uniformes, la sotte. Alors quand le tocsin sonne, notre héros court aux inscriptions pour gagner son costume et partir bouter les nordistes hors de sa belle contrée esclavagiste. Bref, suite à diverses péripéties, sa locomotive se fait voler par l’autre camp et Johnnie se met en tête de la retrouver. La première force du flm est de parvenir à raconter des événements assez complexes en peu de texte et on suit sans sourciller les aléas du scénario. Mais ce qui frappe c’est bien sûr l’inventivité des acrobaties et des gags. Techniquement, c’est bluffant. Il n’y a qu’à imaginer tout le barda des caméras de l’époque pour comprendre la prouesse que représente cette course poursuite en train. Keaton acteur est magique par son air impassible autant que par ses qualités d’athlète. Il crée une sorte de clown triste et inconscient qui provoque attachement et rire. En clair, un film d’action burlesque épatant et monumental … qui fonctionne même avec des ados de 15 ans. C’est dire le tour de force.