Ce que traque Camille chez son mari est constant, elle veut convoquer le regard de celui-ci, le provoquer parfois aussi. Pour elle, son époux la trahit dès lors qu’il a cessé de la regarder, "son regard est pareil au regard des statues". Ces mêmes statues antiques qui traversent le film de part en part rappelant l’odyssée homérique vécue par le couple.
Une des réussites du Mépris est le regard même de Godard, personnel, réflexif, incisif, signant là un de ses chefs-d’œuvre et ce, en dépit des quelques problèmes de tournage il y a quarante ans.
Les producteurs du film ne voulaient pas de scènes de sexe dans Le Mépris. Godard, fidèle à lui-même, fit mine d’accepter, tout en contournant l’ordre. La première scène (post-générique) du film dévoile une Brigitte BARDOT complètement dénudée sur un lit, "cul nu". Le regard y est alors au rendez-vous, voire au garde à vous. Et l’inoubliable musique de Georges DELERUE de contempler, caresser et traverser le corps de Bardot, illuminant à tout instant, comme la foudre, une tragédie décidément atemporelle. (Avoir-Lire)