« Goodbye Yellow Brick Road »

Bulles géantes, nuées cotonneuses, royaume d’émeraude et pavé d’or, voilà un microcosme ô combien féérique pour un film, hélas, ô combien plat ! Il semblerait que la transgression dont est porteur le cinéma de Sam Raimi se soit diluée dans une mélasse de bons et gros sentiments comme seule la souris milliardaire sait en faire, avec ses passages obligés, son manichéisme désolant – inhérent à l’œuvre originelle, certes – et sa clausule ronflante ; seules quelques scènes plus horrifiques surnagent, au cours desquelles le cinéaste rappelle qu’il est un cinéaste et non un simple faiseur d’images au gamma poussé à l’extrême, de même que l’apparition sur la place publique, sous perfusions Méliès, atteste une maîtrise de l’espace, des effets visuels et sonores aptes à raccorder le film à la somme d’artifices qu’il est et déploie.

Aussi Oz the Great and Powerful constitue-t-il un bien étrange spectacle, à la fois conscient des artefacts utilisés et incapable de s’en affranchir ou de s’en saisir pour proposer autre chose. La partition de Danny Elfman ne vaut guère davantage que pour sa valse, thème décliné à toutes les sauces et entrecoupée d’un remplissage assez neutre – pour ne pas dire décevant compte tenu de l’artiste dont il est question. Une promenade de santé colorée mais dépourvue de la moindre originalité et que portent des acteurs caricaturaux, à commencer par James Franco aux grimaces insupportables. La route de pavés jaunes et la ville verte à laquelle elle mène n’ont certainement jamais été aussi resplendissantes, et pourtant jamais aussi insaisissables.