Suite au succès d'Alice au Pays des Merveilles, les studios Disney envisagent de remettre au goût du jour le célèbre film culte de Victor Flemming: Le Magicien d'Oz. Pour cela, le producteur Joe Roth propose de préparer un prequel expliquant l'arrivée du Magicien au pays d'Oz bien des années avant que Dorothée ne s'égare dans ce monde bien étrange n'étant certainement pas le Kansas.
La boîte aux grandes oreilles a alors l'idée de contacter Sam Raimi pour mettre en scène cette grande aventure à 215 millions de $. Le réalisateur ayant claqué la porte à Sony après que ces derniers aient refusé ses idées pour Spider-Man 4, il ne refuse pas la proposition et confirme son implication dans le projet en 2010. Tout le monde doit bien manger.


Un drôle de parcours à la fois pour Sam Raimi et pour l'exploitation de l'univers d'Oz par Disney.
Ce n'est pas la première fois que Mickey touche à l'héritage du Magicien d'Oz. Walt Disney lui-même voulait produire un nouveau film dérivé de cet univers mais cela n'a jamais abouti. Ce n'est qu'en 1985 que le studio sort la suite directe du film de Flemming: Oz, un monde extraordinaire. Celle-ci sera un échec cuisant au box-office. Un échec immérité tant ce deuxième volet était d'une très grande qualité et n'avait rien à envier au film de 1939. Le reste de l'exploitation de l'univers d'Oz se fera par les parcs et un téléfilm rapidement oublié par tous.


Sam Raimi, quant à lui, se retrouve embarqué dans cette drôle d'aventure sans qu'on ne sache précisément ce qui l'a poussé à signer.
Réputé pour sa trilogie horrifique culte Evil Dead, il s'est tourné des années après vers un genre bien plus familial, le film de super-héros via sa trilogie Spider-Man. La boucle est maintenant bouclée par sa collaboration avec Disney. Un passage de l'horreur au film pour enfants bien particulier donc.


Et pourtant, le réalisateur n'a pas chômé face à l'héritage assez important qu'il doit porter à bout de bras. S'il se montre plus sage qu'à l'accoutumée et ne propose pas de moments aussi grandioses que dans ses précédents travaux, Sam Raimi fait preuve à la fois d'un très grand respect pour l'oeuvre de Victor Flemming mais aussi d'une grande inventivité pour donner une nouvelle image de ce "Monde Fantastique d'Oz".
Allant jusqu'à reprendre le concept de filmer en noir et blanc et en 4/3 la partie dans le monde réel (au passage, l'une des meilleures parties du film tout court) puis en Cinémascope et en couleurs le monde d'Oz, le spectateur se replonge dans ses souvenirs du Magicien d'Oz tout en redécouvrant l'univers mis à neuf par les équipes artistiques de Disney.


Si on peut regretter de temps à autres une surexploitation des effets numériques, l'immersion est pourtant bien là. Les scènes tournées sur plateaux sont les bienvenues et rendent fidèlement hommage aux décors du Magicien d'Oz. La photo n'y est pas pour rien tant elle accentue la force des couleurs très vives qui composent le pays découvert par notre héros, quitte à ce que ça soit un peu trop flashy mais l'intention est là.


Mais c'est dans l'écriture qu'on trouve toutes les qualités et tous les défauts de ce prequel. Dans les grandes lignes, Le Monde Fantastique d'Oz est réussi, ne trahissant jamais son aîné et créant d'excellentes origins-story pour ses personnages principaux. Mais dans l'exécution, plusieurs problèmes gâchent le plaisir global.
À commencer par le traitement de la Méchante Sorcière de l'Ouest. Si ses origines sont très intéressantes, le personnage crée involontairement l'hilarité du spectateur quand il apparaît pour la première fois dans le film et ce pour une bonne raison. C'est Mila Kunis qui l'interprète. Si l'actrice s'en sort plutôt bien en Théodora, elle est complètement en roue libre une fois son personnage transformé et son maquillage est incroyablement raté.


Cela est représentatif d'un gros problème du long-métrage. À trop vouloir humaniser ses personnages, Sam Raimi mélange très mal les caricatures auxquelles ils sont assimilés et leurs aspects plus intimes. Il suffit d'entendre la Méchante Sorcière de l'Ouest faire son rire diabolique pour comprendre que ça ne marche pas.
Quelque chose sonne faux au final et on finit presque par se perdre dans le ton du film.
D'autant plus dommage que le climax réserve de très bons liens avec le film de Victor Flemming, allant même jusqu'à améliorer ce film. C'est à ça qu'on reconnaît un bon prequel.


N'évitant pas de nombreux défauts d'écriture et quelques choix douteux, Le Monde Fantastique d'Oz est pourtant un film sincère.
Très imparfait, il montre cependant un profond respect vis-à-vis de l'héritage du Magicien d'Oz et se montre bien plus intéressant et riche en terme de réalisation et d'idées que la plupart des blockbusters actuels. Je ne dirai pas non à un revisionnage.

Créée

le 18 avr. 2016

Critique lue 1.2K fois

23 j'aime

11 commentaires

Walter-Mouse

Écrit par

Critique lue 1.2K fois

23
11

D'autres avis sur Le Monde fantastique d'Oz

Le Monde fantastique d'Oz
Gand-Alf
5

Poudre aux yeux.

Après avoir kidnappé Tim Burton et l'avoir contraint à violer l'univers de Lewis Carroll sous peine de lui refourguer une suite de "Prince of Persia" ("Tout sauf des décors ensoleillés !" aurait...

le 7 août 2013

48 j'aime

3

Le Monde fantastique d'Oz
cloneweb
7

Sam Raimi, le Magicien d'Oz

Suite au succès d'Alice au Pays des Merveilles de Tim Burton, qui était pour ceux qui n'ont pas suivi une suite à l'histoire originale, Disney a vu un filon à exploiter : celui de la réinvention des...

le 5 mars 2013

40 j'aime

15

Le Monde fantastique d'Oz
potaille
2

Le pèlerinage des créatures numériques

Après l’horreur (Evil Dead) et les super-héros (Spider-Man), le réalisateur Sam Raimi s’est rangé chez Disney pour mettre en images la préquelle du célèbre « magicien d’Oz » de Victor Fleming en...

le 20 mars 2013

27 j'aime

7

Du même critique

Star Wars - Les Derniers Jedi
Walter-Mouse
7

Girouette

Conséquence inévitable de la fermeture brusque de l'Épisode VII, Les Derniers Jedi s'ouvre sur un texte défilant dont le contenu est à peu de choses près exactement le même que celui du Réveil de la...

le 14 déc. 2017

197 j'aime

50

Solo - A Star Wars Story
Walter-Mouse
5

Qui a éteint la lumière?

Légère entorse à la règle. Kathleen Kennedy rompt temporairement sa promesse de ne lancer des films indépendants dérivés de l'univers Star Wars qu'à partir de sujets originaux pour consacrer son...

le 23 mai 2018

127 j'aime

28

Coco
Walter-Mouse
9

Ce n'est qu'un au revoir

Coco pourrait très bien marquer un tournant dans l'histoire de Pixar. Jusqu'à présent, le studio de Luxo Jr. s'était toujours spécialisé dans les œuvres contemporaines au regard porté sur l'avenir et...

le 26 nov. 2017

111 j'aime

6