Disons le vite et ne laissons pas planer un suspens insoutenable : le Mystère Henri Pick n’en sera pas un très longtemps. L’enquête de ce critique littéraire, lorgnant entre François Busnel et Bernard Pivot, n’est pas tant le sujet du nouveau long-métrage de Rémi Bezançon même s’il prend un malin plaisir à saupoudrer son film d’une ambiance polar séduisante. Non, Le Mystère Henri Pick est surtout une fiction maline qui évoque la part chance et l’impact du buzz, du marketing, de la communication (appelez-le comme bon vous semble) dans le milieu artistique, et plus particulièrement ici l’univers littéraire. Une bonne œuvre peut-elle trouver son public si elle n’est pas bien vendue ?
Parallèlement, c’est aussi la relation entre l’artiste et son public qui est abordée, notamment avec cette improbable bibliothèque des manuscrits recalés par les éditeurs. Ce polar sans cadavre, jamais avare en situations comiques, se met en place avec un argument de poids : le duo Fabrice Luchini - Camille Cottin. Révélé par la participation du premier dans la série Dix pour cent, où la seconde est récurrente, il s’appuie ici sur une relation à la Sherlock/Watson : tout oppose le critique pédant et bourgeois à la mère célibataire, prof des écoles de province. Mais l’alchimie est indéniable et la confrontation entre les deux bêtes de scène est savoureuse.
Assez pour pardonner à ce Mystère Henri Pick son manque d’audace et de surprise.