Je ne suis pas à proprement parler fan de Rémi Bezançon. Si Ma Vie en l'Air est très chouette, Le Premier Jour du Reste de ta Vie m'avait tout au plus indifféré, à deux-trois scènes près, et ses tentatives suivantes ne m'ont pas du tout convaincu. Mais alléché par une bande annonce ma foi sympathique, je m'engouffre dans une salle obscure voir son petit dernier.
Sorte de buddy movie avec en toile de fond un mystérieux-roman-qui-serait-ou-non l'œuvre d'un obscur Breton, Le Mystère Henri Pick gagnera le spectateur essentiellement à travers ses acteurs. L'enquête elle-même connait tous les revirements les plus classiques du genre et ne surprendra personne, mais l'engouement avec lequel Luchini et Cotin la mènent est communicatif. Les deux acteurs jouent sur une corde raide entre l'authenticité et le over-the-top dans un numéro d'équilibristes d'une précision sans égale.
Les seconds rôles aussi, sont très soignés et confèrent à cette enquête une dose de poésie bizarre, mais bienvenue. Je pense surtout au chef-crêpier qui en a marre de faire des pizzas, ou à la drolatique scène où Luchini se retrouve dans un club de lecture de polars où l'on se demande si c'est possible de couper un corps humain au couteau électrique...
Non, du coup ce qui ne fonctionne pas ce sont les rouages de l'enquête.
Le premier acte du film m'indique clairement que le seul à avoir pu écrire le livre d'Henri Pick, c'est Bastien Bouillon. C'est vraiment l'explication la plus immédiate, la plus rationnelle et celle qui nécessite le moins de "On n'a qu'à dire que". Et puis le film se met à longuement explorer une autre piste, dont certains éléments invalident complètement cette première explication. Donc je me dis "Ok, finalement c'est pas aussi linéaire, je suis intrigué, surprends moi..." et puis non. C'était bien le premier truc. Plat. Normal. Alors je me dis on s'est foutu d'ma gueule !
Par exemple, le hasard a voulu que le bibliothécaire derrière la salle des manuscrits refusés a jadis écrit un livre avec la même toile de fond car il avait une compagne née en Russie, et que sa machine à écrire a miraculeusement échoué dans les mains d'Alice Isaaz... C'est un peu costaud, comme coup de bol. Mais le plus invraisemblable : Bastien Bouillon se balade dans un cimetière breton et peine à trouver un nom en K ? Pas de Keradec, Kerguignas, Kerjean, Kervinio ??!?
Mensonge ! Illogisme et pipeau !
Ça reste un film fort sympathique que je recommande chaudement, mais ce dénouement n'est qu'un soufflé qui pète un grand coup pour se retrouver tout plat. Une crêpe quoi.