Le polar qui parle de littérature sans meurtre en Bretagne.

La France et les enquêtes c’est une belle et grande histoire d’amour, à tel point qu’on en a toutes les semaines et qu’on se dit c’est la même chose. Sauf que le mystère Henry Pick est différent, car il ne s’agit pas de résoudre un meurtre, mais de trouver qui a vraiment écrit ce livre ?



Les joies du monde littéraire parisien



Cette enquête c’est un MacGuffin ou il est question de savoir qui a écrit ce livre retrouvé par la jeune éditrice Daphné Despero ( Alice Isaaz) dans une bibliothèque bretonne regroupant des manuscrits jamais édité. Ce roman fera un énorme succès sauf qu’il y a un problème, la femme d’Henry Pick n’a jamais vu son mari écrire un livre, ni même avoir une quelconque passion pour la littérature, ce qui va éveiller les soupçons du critique littéraire désormais animateur Jean-Michel Rouche (Fabrice Luchini) qui veut prouver que ce n’est pas Henri Pick, mais compliqué à prouver vu que le mystère d’Henry Pick est enterré dans sa tombe. Il y a une autre intrigue plus secondaire qu’on verra surtout au début du film ou on verra Fréderic Koskas (Bastien Bouillon) un jeune auteur venant de publier son livre qui attend impatiemment l’avis du critique littéraire, à travers cette intrigue on voit l’importance du retour critique pour les jeunes auteurs.


C’est un film qui parlera surtout de la littérature, du monde littéraire et des gens qui bossent dans ce milieu que de l’enquête. À travers la réalisation, on retiendra énormément la partie sur l’émission de télévision ou comme à son habitude Rémi Bezançon maîtrise. On voit l’envers du décors avec des changements plans très rapide, très proche d’une réalisation de télévision. Cela permet aussi de voir que le présentateur n’est pas aussi libre que l’on pense et il y a une certaine frustration pour celui qui présente, car il est critique pas présentateur. Il a besoin de donner son avis. Cela permet aussi de voir dans ce genre d’émission que celui qui présente ne lit pas vraiment les nouveautés, que c’est un travail fait par les gens de l’ombre, après on s’en doutait un peu.


Le soucis avec le personnage de Fabrice Luchini c’est qu’il s’entête à penser que Henry Pick n’a pas écrit le livre qu’il en vient même à harceler la famille d’Henry Pick. J’ai du mal à comprendre son entêtement, pourquoi il veut montrer qu’il a raison. Je trouve qu’il n’y a pas de raison valable à part pour une question d’égo.


Même si l’enquête c’est un MacGuffin, l’argument qui m’a poussé à voir ce film c’est cette enquête qui a un charme, qui est agréable et parfois marrante à suivre, car il n’est pas question de trouver qui est l’assassin qui a tué madame y. Non il est question de trouver qui a écrit ce livre et cette différence entre une enquête sur un meurtre et une enquête sur « le monde littéraire » change la donne, avec ce sublime paysage breton qui permet au film d’avoir un rythme lent et très agréable. On appréciera aussi cette réalisation qu’on a déjà dit beaucoup de bien sûr les différents plans de l’émission, mais c’est sur l’ensemble du film qu’il faut féliciter le travail de Rémi Bezançon qui arrive à nous passionner à faire cette enquête. Je dirais qu’il y a un jeu entre le spectateur qui cherche les indices et le réalisateur qui tente de nous dissuader avec des plans plutôt larges pour ne jamais se focaliser sur un seul élément. La musique a un rôle sur notre implication à faire l’enquête. La soundtrack est composé par Laurent Perez Del Mar (I Kill Giants) qui nous met avec cette musique de polar qui a tout moment peut monter Creshendo.



Aussi barbant qu’un livre ennuyeux ?



On remarquera souvent qu’il y a des maladresse dans son écriture et va desservir totalement la qualité du film, mais il y a quand même de bonnes choses en dehors de l’enquête sympathique, comme par exemple quand il est question du bureau d’Henry Pick se trouvant dans l’ancienne pizzeria devenu aujourd’hui une crêperie. Grâce au succès du livre t à cette histoire ou on emploiera le superlatif « incroyable » vont donner envie aux gens d’aller voir le bureau de Pick qui est devenu un mythe, Henri Pick est devenu en quelque sorte une légende.


L’écriture de cette partie est vraiment intéressante, car on voit cette naïveté du petit village qui ne pense pas trop au buisness, qui sont contents de voir du monde même si personne ne prend de crêpes. J’ai poussé un petit sourire quand un personnage ce demandent si ce serait pas plutôt une bonne idée de faire payer les visites. Cette petite séquence ne sera pas lourde, elle va durer le temps d’un plan de 5-10 secondes, mais on aura un petit sourire, car cette phrase aura un sens et nous raconte une certaine réalité et montre la différence entre la grande ville et la campagne.


J’en parlais tout à l’heure, mais si on doit parler de gros défauts du film, c’est qu’il a tendance à être maladroit dans son écriture, à mal amener les éléments de réponse en fin de film ou alors à être beaucoup trop brutal comme le duo entre Fabrice Luchini et Joséphine Pick (Camille Cotin) qui va permettre au film d’être un peu un buddy movie entre d’un côté l’élite parisienne et la campagne. Sur le papier le fait de mélanger l’élite parisienne et la campagne est bien trouvée, mais il n’y a aucune alchimie dans ce duo se cherchant pendant 1h40. Ce qui ne va pas dans ce duo c’est l’enjeu ou parfois le personnage de Camille Cotin en a marre de voir Jean Michel Rouche, mais d’un autre côté elle veut l’aider, puis elle en a marre, puis elle veut savoir la vérité. C’est bien d’avoir des personnages qui changent d’avis, qui hésite, mais faut que ce soit bien amené.


Ce que je trouve le plus dommage dans ce film, c’est qu’il insiste sur certains éléments du film comme par exemple le jeune Frédéric Koskas (Bastien Bouillon) qui pendant tout le film va demander à Fabrice Luchini son avis sur son livre. On ne le voit pas beaucoup, mais dès que les deux personnages se rencontrent c’est pour évoquer le livre de Frédéric et au bout d’un moment c’est lourd, qu’on se demande même s’il y a un intérêt avec l’intrigue central du film, qu’on qu’on parlera en spoiler, car comme pas mal éléments scénaristiques de la seconde partie ce n’est pas très bien amené et d’un film sympathique tenant la route, on arrive à un film toujours aussi sympathique avec des mais.


Le mystère Henri Pick est un film très sympathique à suivre, encore plus quand on aime la beauté naturelle de la Bretagne ou ce qui compose l’industrie de la littérature. Le mystère Henri Pick c’est un film qu’on prendra énormément de plaisir à suivre cette enquête calme ou il n’est pas question de résoudre un meurtre, mais de savoir qui a écrit ce livre ce qui donne un rythme calme, parfait pour un dimanche après midi pluvieux


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Spoilers



Si on voyait au début le jeune auteur c’est qu’il est un peu à l’origine de cette « mascarade » même si pour lui c’était une blague et quand sa copine était au courant, elle a vu le potentiel de cette histoire, que de mettre le nom Henry Pick fera parler du livre, que ça permettra à son copain d’être en quelque sorte mis en avant, et pour elle c’est un moyen de faire parler d’elle en tant qu’éditrice. Sauf que pour Fred Kostas, c’était une blague qui est aller très loin, prenant trop de place dans le couple. D’un point de vue suspens j’ai adoré, car je m’y attendais pas du tout, mais de la façon dont ils l’annoncent c’est très brutal, d’autant plus que je comprends pas trop ce que gagne Fredéric à le faire, il est surtout perdant dans cette histoire.


La fin du film est assez belle, Jean Michel Rouche va se rendre compte que c’était juste une question d’égo, une question de vengeance car il n’a plus son boulot d’animateur, mais au final ça ne va rien lui apporter, de plus ça risque de faire mal à la famille Pick. J’ai apprécié le dernier plan nous montrant Jean Michel Rouche assis sur un banc à Crozon (lieu de tournage de la partie se passant en Bretagne) C’est un très beau plan, car il y a le paysage breton parfait pour lire un livre et cela montre que l’ancien animateur a tourné la page. Il est apaisé.

Eyrio__
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le 27 juil. 2019

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