Le nom des gens, c'est l'histoire d'une Française qui s'appelle Bahia Benmahmoud et d'un Juif qui s'appelle Arthur Martin. Il est jospiniste et ramasse des oiseaux morts, elle est tête en l'air au point de parfois oublier de s'habiller quand elle sort dans la rue et elle couche avec des mecs de droite pour les détourner du mauvais chemin, profitant du temps de cerveau disponible au moment qui précède l'orgasme pour corriger ce qu'elle estime être des idées de fachos. Ensemble, ils vont baiser, parler politique, travailler leurs origines et leurs traumatismes, tenter de venir en aide à leurs parents...
Le nom des gens, c'est une comédie fantaisiste, une fable qui donne dans le surréalisme pour mieux parler de la réalité, un conte absurde où le mot "iceberg" est cité dans la liste des mots à éviter de prononcer devant des parents qui ont connu la Shoa, une guignolade tendre dans laquelle une fille pute-militante transforme le responsable jeunesse de la section UMP du Pas-de-Calais en éleveur de moutons dans le Périgord par la seule magie du sexe, tandis qu'un petit-enfant de déportés affublé d'un nom de fabriquant de cuisines parle à la radio des épidémies potentiellement véhiculées par les oiseaux morts.
Le nom des gens, c'est un film porté par des acteurs irréprochables. Sarah Forestier, qui est souvent nue à l'écran, se révèle aussi sexy qu'irrésistible dans son interprétation pétillante et sans artifices d'une jeune femme qui a ses raisons d'être un peu barrée et qui pense pouvoir changer le monde avec son cul. La partition plus lunaire de Jacques Gamblin lui offre un contre-point parfait, et ils sont entourés de seconds rôles merveilleux, à commencer par Carole Franck, hilarante hippie toujours prête à organiser un mariage blanc, et Zinedine Soualem, incroyablement touchant dans le rôle tout en retenue d'un immigré algérien qui s'efface devant tout le monde.
Le nom des gens, c'est un joli petit film, très drôle et parfois très émouvant, qui réussit là où d'autres ont échoué avant lui sur le thème de la rencontre entre deux communautés (récemment, l'assez mauvais Il reste du jambon ?) et qui parle pas sérieusement de choses très sérieuses.
Un film qui fait du bien.