The godfather, the son, and the holy spirit

Ce troisième opus, Coppola l’a fait uniquement parce que c’était un moyen de se sortir de ses dettes, suite à One from the heart. J’ai lu vite fait que le studio ne voulait pas payer Robert Duvall autant que Pacino, ce qui a valu l’abandon d’une intrigue où Tom Hagen et Michael Corleone se seraient confrontés pour le contrôle de la famille.
C’est pas les meilleures conditions dans lesquelles un film se fait…
Le parrain 3 est sorti en 1990, 16 ans après l’épisode précédent, mais en fait c’est pas si mal que cette suite reprenne l’histoire si tard, 20 ans après selon la chronologie fictive. Ca fournit un plus grand recul sur les évènements passés, et on retrouve les personnages alors qu’ils ont connu de grandes évolutions. Le film débute lors d’une réunion entre les Corleone, Michael et Kay se revoient pour ce qui doit être la première fois depuis bien longtemps, et leur fils, Tony, refuse de prendre part aux affaires de son père.
C’est plutôt triste, Michael, convaincu que tout ce qu’il a fait a été pour le bien de sa famille, se retrouve honni, du moins par son ancienne femme.
Sa fille, Mary, est celle qui cherche le plus à se rapprocher de lui. "I would burn in hell to keep you safe", lui dit-il. C’est beau ; un message de Coppola à sa propre fille, Sofia, qui joue Mary ? Vu comme la caméra s’attarde sur l’actrice, même quand elle ne fait rien de spécial, il est clair que son père l’adore vraiment.


Alors que Michael, quand on le découvrait dans le premier film, disait la même chose que son propre fils, à savoir ne pas vouloir s’impliquer dans les affaires de son père, voilà que son pouvoir s’est étendu dans Le parrain 3 au point qu’il est béni par le pape en raison de ses actions charitables. C’est une chose qui me pose un peu problème, étant donné les soupçons concernant l’implication des Corleone avec la pègre. C’est pas comme avec les hommes politiques, où ce genre d’arrangement peut se faire, pour une question de business.
Mais pour Michael, comme toujours, ce lien avec l’Eglise est une question de business ; il assure toutefois à sa fille que cette fois, il veut faire des affaires honnêtes. Je ne savais pas s’il fallait y croire, car c’est ce que le personnage disait vouloir faire déjà plus de 20 ans plus tôt.
Le problème, c’est qu’il est difficile de se ranger quand ses associés sont des mafieux.
Pour moi, la trilogie du Parrain, ce ne sont pas tant des films sur la mafia mais sur le business ; on entend tout le temps des gangsters employer ce mot dans ce type de film, mais c’est quelque chose que je n’ai vraiment perçu que dans la trilogie de Coppola. Il est toujours question de régler des affaires. Et de ce point de vue là, Le parrain 3 propose des situations et des problèmes nouveaux, qui se distinguent davantage de ce qui a été vu avant que dans Le parrain 2.
La première situation délicate dans laquelle se trouve Michael survient avec son neveu Sonny, qui refusait de travailler pour lui et a rejoint un autre mafieux ; or tous deux viennent voir Michael pour régler le problème avec l’autre. Une situation épineuse, où l’on imagine que le moindre faux pas ou mot de travers va amener une nouvelle vague de complications.
Et c’est le fait que Michael ait changé, et essaye désespérément de se sortir de toutes ces intrigues criminelles, qui renouvelle les enjeux.
Au passage, Al Pacino est décidément excellent ; j’aurais bien mieux compris qu’il gagne un Oscar plutôt que De Niro et son jeu plutôt impersonnel dans Le Parrain 2.


Michael finit par trouver un fils de substitution en la personne de Vincent, le fils illégitime de son frère Sonny. Il y a une intrigue entre Vincent et Mary, soudain très proches, traitée à fond comme une romance… sauf qu’ils sont cousins. C’est très déstabilisant au premier abord ; j’ai jamais bien compris à quoi se référaient les gens quand ils parlent de tension sexuelle dans un film (à part pour Basic instinct), mais là c’est quelque chose que j’ai senti dans Le Parrain 3… sans savoir si c’était censé être perçu ainsi. J’aime cette sorte de sentiment contradictoire qu’a provoqué le film en moi.
Et Coppola a suffisamment de bon sens pour traiter sa fille respectueusement dans la représentation de la romance de son personnage ; pas comme Dario Argento qui dénude Asia dans chacun de ses films.
Et ça me fait un peu mal de le dire, mais Sofia Coppola est très jolie dans Le parrain 3.


Le réalisation et certaines intrigues font sentir qu’on n’est plus dans les 70’s, mais vraiment entre les 80’s et les 90’s. Le film est légèrement plus dynamique que les autres (bon, même s’il prend son temps, 2h40 quoi, mais c’est le moins long de la saga). Cette histoire avec la journaliste qui couche avec Vincent pour avoir des infos, c’est typiquement 80’s.
Et je ne sais pas si c’est l’esthétique légèrement inspirée par cette époque qui fait ça, mais je trouve qu’il y a bien plus de beaux plans dans ce film-ci que les autres ; de très beaux contre-jours surtout.


Il y a ceux qui règlent leurs dettes en faisant de la merde (bah tiens, le premier nom qui me vient à l’esprit appartient aussi à la famille Coppola), et puis il y a ceux qui font un film comme Le Parrain 3.
Contre toute attente, c’est celui que j’ai préféré, je le trouve plus prenant et il me touche plus personnellement, il y a un peu plus de cette dimension humaine qui manquait aux précédents films.

Fry3000
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes L'attaque des journaux tournants, Les plus fortes tensions sexuelles dans les films et Les meilleurs films sur la famille

Créée

le 28 déc. 2015

Critique lue 736 fois

3 commentaires

Wykydtron IV

Écrit par

Critique lue 736 fois

3

D'autres avis sur Le Parrain - 3e Partie

Le Parrain - 3e Partie
Docteur_Jivago
8

Rideau

Seize années après le Parrain II, Francis Ford Coppola retrouve Mario Puzo pour conclure la saga de la famille Corleone et le destin de Michael, après que ce dernier ait éliminé ses ennemis et...

le 31 mai 2016

53 j'aime

Le Parrain - 3e Partie
Star-Lord09
10

Cavalleria rusticana ou La Chevalerie campagnarde. Opéra en un acte.

Effaçons de nos mémoires, le souvenir faussé de la supposée éloquence cinématographique du Parrain de Francis Ford Coppola. En cause, une autre trilogie plus récente signée d'un autre grand nom du...

le 12 juil. 2021

29 j'aime

18

Le Parrain - 3e Partie
Ugly
9

La mafia au Vatican

La trilogie est donc bouclée. 16 ans après le Parrain 2ème partie, Francis Coppola retrouve Michael Corleone vieillissant, affaibli, diabétique et repentant. Après avoir décrit la montée en puissance...

Par

le 6 févr. 2017

25 j'aime

9

Du même critique

Mr. Robot
Fry3000
4

L'hacker a ses raisons (Saison 1)

Spoilers ahead. Je suis du genre à me méfier des séries qui font le buzz ; ce n'est que lorsque l'enthousiasme des débuts retombe et que les avis sont plus variés qu'on peut se faire une meilleure...

le 23 août 2016

54 j'aime

3

Breaking Bad
Fry3000
4

Le daron de la drogue

En dépit de tout le bien que je lisais ou entendais de toutes parts sur la série, c’est suite à la lecture, il y a presque deux ans, de la fameuse lettre totalement élogieuse d’Anthony Hopkins...

le 18 juil. 2015

54 j'aime

61