Le Passager n°4 est la nouveauté cinéma de la semaine du côté de Netflix. Surfant sur la vague des films prenant place dans l’espace depuis le succès planétaire de Gravity en 2013, le métrage s’impose comme une œuvre plus intimiste qui met de côté le spectaculaire pour mieux se focaliser sur la profondeur de son écriture. La comparaison est évidente avec son aîné tant les copies se sont bousculées dans les années qui ont suivies, souvent oubliables malgré quelques bonnes exceptions (on pense notamment à Seul sur Mars de RIdley Scott). Il s’agit désormais de proposer un regard neuf afin de se distinguer car il est aujourd’hui plus difficile pour ces films d’immerger dans cet océan de films qui traitent de l’espace. Il faut avant tout préciser que cette nouveauté est loin d’être un ratage, c’est même l’inverse puisqu’il réussit sur la plupart des tableaux. S’appuyant sur un casting solide, le film peut compter sur la présence d’Anna Kendrick, Toni Colette ou encore Daniel Dae Kim, peut-être moins connu que ses collègues mais qu’on a pu apercevoir dans la célèbre série Lost. Le trio est envoyé dans l’espace afin de rejoindre une station qui va les mener sur Mars pour un voyage de deux ans. Ce qui frappe dès son ouverture, c’est la fidélité indéniable dont fait preuve le film en nous introduisant directement au sein du décollage de la navette. On sent dès les premières minutes un respect de son environnement, il y a une retranscription très propre qui est à saluer et une crédibilité à chaque action de nos personnages au sein de chaque décor. Huis clos évident, le film respecte les codes du genre et s’il ne propose rien de bien nouveau, il le fait bien avec un stress qui va monter crescendo dès la découverte d’un quatrième membre impromptu. Si dans un premier temps, tout se passe sans souci, s’en suit une discussion sur les problèmes d’oxygène qui vont apparaitre. Un débat va même prendre le dessus sur la question de laisser mourir cet homme pour le bien de la mission. La réflexion autour de l’humanité de nos personnages à travers leurs décisions est intéressante et sans fioritures, le film prenant le choix du film de survie avec son lot de d’accidents. Un thème qui n’a rien d’étonnant pour le réalisateur Joe Penna qui nous avait déjà offert un film dans un genre similaire se déroulant cette fois-ci sur Terre et plus précisément en Arctique où un homme se retrouve seul suite au crash de son avion. On retrouve à nouveau ce sentiment d’isolement pour cet équipage renforcé notamment par une volonté évidente de minimiser les d’interactions et d’enfermer ces quatre personnages livrés à eux-mêmes. Encore une fois, le film est plutôt bon même s’il ne s’éloigne pas des standards habituels des films dans l’espace. Le problème vient plutôt de sa longueur, s’appuyant sur une durée de 2 heures, le film est beaucoup trop long avec des scènes tirées à rallonge à force de vouloir rester le plus fidèle possible dans la moindre scène. Il s’en dégage alors un ennui latent et en parallèle le manque de surprise impacte fortement l’intérêt de cette histoire. Celle-ci aurait gagné en impact avec peut-être une demi-heure en moins afin d’apporter plus de rythme à son intrigue. Malgré le talent de ses acteurs et la mise en scène soignée de son réalisateur, rien n’y fait, on ne parvient pas à s’accrocher aux péripéties de ses personnages. Par ailleurs, si les dialogues sont très bien écrits, le film souffre pourtant d’une absence d’émotions qui nous empêche de suivre avec grand intérêt les mésaventures des personnages malgré une conclusion qui viendra contredire ce postulat. Malheureusement c’est trop peu et dans son ensemble, ce manque renforce également notre attache pour le film. Au final, en dépit d’une histoire intéressante, cette réalisation ne parvient pas à nous happer, c’est d’autant plus dommage qu’avec des qualités indéniables, le récit s’essouffle progressivement pour laisser place à une certaine indifférence.