Qu'on l'aime ou pas, il est indéniable que le célèbrissime livre de St. Exupéry est un délire poétique impressionnant, une œuvre irréductible à la raison comme aux sentiments, une sorte de monument d'autant plus imposant qu'il avance sous couvert d'une œuvre enfantine. Le contresens absolu du film de Mark Osborne est donc d'utiliser le récit initial comme prétexte pour réaliser l'un de ces "films à message" dont est friand le grand public américain : que ce message (une sorte d'ode à l'enfant en nous que nous avons oublié...) soit sympathique ne change rien à la lourdeur avec laquelle il nous est asséné, et avec l'habituel chantage à l'émotion qui est son corollaire. Heureusement, les séquences en animation traditionnelle qui reprennent les éléments du livre de St Ex sont très réussies, et tirent le film vers le haut, compensant une narration maladroite et des changements de ton mal maîtrisés (qu'il est triste par exemple de voir combien les séquences d'envol vers les astéroïdes manquent de souffle, d'élévation... justement !). Pour finir, notons le culot d'un scénario offrant à St Ex la chance de finir sa vie en vieil original banlieusard au lieu de disparaître corps et bien au large de Marseille... En fait, je ne sais pas si on doit remercier le film pour cela ou bien le maudire !