Nous y voilà au Spielberg de l'année 2015 ! Associé avec les frères Cohen, il a décidé de s'attaquer sur l'une des affaires de la guerre froide à savoir, l'échange entre un espion soviétique emprisonné aux Etats-Unis et un espion américain emprisonné dans l'ancienne R.D.A. C'est vrai que cette année on a eu beaucoup de biopic et notre ami Steven nous en envoie un nouveau après Lincoln. Mais comme à son habitude le résultat est un film de Spielberg à savoir époustouflant.



Spielberg nous surprendra toujours



Je vais vous faire une confidence; je n'ai jamais vu Lincoln et le dernier Spielberg pour moi était Cheval de Guerre (qui était pas mal mais pas excellent). Ce film est vraiment excellent. Mais bizarrement, il s'agit d'un film de Spielberg sans pour autant l'être. Normalement, quand on voit un film de Spielberg, on a toujours un sentiment d'émerveillement. Là non. En faite c'est assez compliqué. On sent que c'est du Spielberg, grâce aux personnages bien traités, mais un Spielberg différent. Même si on sent la pâte d'émerveillement, il donne beaucoup dans le sombre avec pas mal de scènes plus réalistes et moins enfantines. Mieux encore, il utilise très intelligemment la musique du film. Même s'il est dommage que John Williams n'ait pas pu composer pour des raisons de santé, celle de Tomas Newman est quand même excellente et donne une bonne ambiance des années 50. La mise en scène est elle aussi très bien faite et même très intelligente.


Je retiens quelques scènes importantes dont 2 identiques: la première étant la scène où on voit James B. Donovan (Tom Hanks) regarder par la fenêtre du train menant vers Berlin Est et voir les personnes qui essayent de passer le mur se faire mitrailler; une scène hautement dramatique et symbolique et à la fin où on voit une scène rigoureusement identique mais à Brooklyn aux Etats-Unis où on voit cette fois des enfants enjambés la barrière de la même manière que la précédente. Ce qui est vraiment astucieux.


Tout est comme toujours bien pensé pour nous retranscrire la bonne ambiance des années 50, avec un ton tragique et quelques passages bien pensés pour dédramatiser le tout, surtout au niveau des dialogues. Mais par dessus tout, ce sont les personnages qui priment comme tout bon film de Spielberg.



Détermination Vs Fatalisme



Tout d'abord, nous avons James B. Donovan (Tom Hanks) qui est un avocat d'assurance qui se voit confier 2 missions successivement importantes dont il se sent dépasser. On voit que malgré son humour, il est une personne de conviction qui fera toujours la chose juste à faire. Ce qui est incroyable est le fait qu'il soit d'un calme et d'une tranquillité, malgré le fait où il était mal considéré dans son propre pays et qu'il doit négocier malgré les différents politiques entre les Etats-Unis, la R.D.A et l'U.R.S.S.


Donc quand on le voit à la fin après ses négociations, on comprend mieux pourquoi il est affalé sur le lit (en plus d'avoir fait croire à sa propre famille qu'il allait à la pêche !


Rudolf Abel ( Mark Rylance) est...wow. Je n'ai jamais vu un personnage comme ça. Normalement, un personnage devrait être soit dans le deni style patriote, soit se poser en victime. Lui il est un fataliste désabusé. Mais il n'est pas ennuyant ce qu'il le rend plus intéressant. Il sait qu'il est un espion mais il accepte sa position. Il a tellement l'air détaché que cela est encore plus admirable. Le monde peut s'écrouler, ça ne l'empêchera pas de peindre ou changera sa vie.


Francis Gary Powers (Austin Stowell) est plus ici la figure de l'espion qui est s'est fait prendre et pose beaucoup plus en victime. Bien évidemment les autorités ne sont pas dupes. Ce qui me paraissait étrange est que le film exploite beaucoup trop sa mission au début, bien plus que Rudolph Abel. Mais finalement, cela fait quand même sens et n'encombre pas trop le film.


Autre personnage important, mais dans je n'ai pas compris son exploitation, il s'agit de Frederic Pryor (Will Roger). En effet, sa capture et le fait que Donovan doit aussi négocier sa libération en plus de celle de Francis Powel n'est pas très intéressante et n'est pas exploitée comme le reste. Bien sûr la négociation est bien menée et on voit des scènes où on remarque que sa libération est importante, mais il n'y a vraiment aucune scènes où Donovan s'assure de sa libération. Tout est déconnecté de l'échange principal. Cela ne m'aurait pas poser problème si dès son introduction on ne nous mettais pas de dilemme morale avec sa petite amie allemande.


Sinon, le reste des personnages ne sont exploités que comme ils devaient être exploités. Le film accorde quand même de l'importance à la famille de Donovan comme Mary McKenna Donovan (Amy Ryan que vous avez aussi vu dans Birdman) et aussi le film joue sur les conséquences des prises de positions de Donovan et sur les vraies raisons de son mensonge


Oui il a menti à sa famille pour préserver son secret


Il montre aussi l'aspect délicat des membres de tous les partis, soucieux de préserver leurs intérêts dans cette ambiance de Guerre Froide



L'autre discrimination



Ce film donne une narration fluide qui monte crescendo. Au départ Frank est là pour défendre un présumé espion russe afin de lui épargner la peine de mort. Etant un avocat des finances, il est clair qu'il n'est pas taillé pour la mission qu'il lui a été confié. Cette première partie met en avant une discrimination que je trouve que l'histoire a atténué. Bien sûr on est tous au courant que les Etats-Unis étaient en pleine discrimination raciale. Mais les Etats-Unis étaient aussi en plein maccarthysme . A l'époque tout communiste ou personne qui était lié au communisme était très maltraité (et les choses n'ont presque pas changé aujourd'hui). Donovan a du subir de plein fouet les conséquences de sa défense et de ses prises de positions (quitte à aller contre la magistrature) au jour le jour. Steven Spielberg a aussi montré à quel point le sentiment anti communiste était partout et la peur des représailles toujours aussi vivace


La scène où on voit le fils de Donovan montrer à James le fait que même l'école inculque des messages limites propagandes ne fait que renforcer l'aspect anti-communiste du film


Depuis, il est vraiment dans la ligne de mire au point que pour la libération de Francis Gary Powers, il a du songer à protéger sa famille pour ne pas qu'elle soit inquiète. On sent bien qu'il veut aller au delà des dissensions politiques et cela sans perdre son sang-froid. Chacune des 2 parties sont bien conçues, même si des scènes même fortes sont un peu inutiles


Comme la scène où il s'est fait prendre son pardessus , je la trouve pas très impressionnante


mais globalement, le film est particulièrement bien racontée, l'ambiance et la narration est classe, ne tombant ni dans l'excès de mélo, ni dans l'action gratuite. Tout est bien agencé dans ce film (mise à part Frédéric Pryor qui mériterait plus d'exploitation).



Un film d'espionnage ?



Malgré le fait qu'il est rangé dans la catégorie espionnage, je ne pense pas du tout que c'en soit un . Il s'agit plus d'un thriller historique rondement bien mené. Ce film est excellent et bien réalisé. Ce n'est pas le meilleur film de cette année mais il est sans problème en haut du panier. Du très bon Spielberg des familles !


Version fun de la critique ici

Créée

le 3 déc. 2015

Critique lue 496 fois

4 j'aime

Neo Cosmic

Écrit par

Critique lue 496 fois

4

D'autres avis sur Le Pont des espions

Le Pont des espions
guyness
6

L'Allemagne déleste

Il y a en fait deux films dans ce Pont des Espions, et le plus réussi des deux n'est pas celui auquel on pourrait penser. La première partie est, de fait, bien mieux qu'une simple mise en place...

le 9 févr. 2016

58 j'aime

24

Le Pont des espions
Docteur_Jivago
7

Bons baisers de Berlin

C'est toujours un petit évènement la sortie d'un film de Steven Spielberg, malgré un enchaînement de déceptions depuis une petite dizaine d'années (La Guerre des Mondes est à mes yeux son dernier...

le 31 déc. 2015

55 j'aime

20

Le Pont des espions
blig
9

L'espion qui venait du Droit

Un nouveau film de Steven Spielberg est toujours un évènement en soi. Quand en plus il met en scène Tom Hanks au cœur de l’échiquier de la Guerre Froide sur un scénario des frères Coen, c'est Noël...

Par

le 4 déc. 2015

53 j'aime

12

Du même critique

I Am Mother
Cosmic_M
7

Au nom de la Mère

Vous vous souvenez du groupe Mecano ? Mais si le groupe de musiciens espagnols Nacho et José María Cano avec la chanteuse Ana Torroja qui par Hija de la Luna se posait la question : es-ce que la lune...

le 8 juin 2019

44 j'aime

9

Les Nouvelles Aventures d'Aladin
Cosmic_M
1

Le pitoyable film de l'année 2015

Attention. Cette critique sera rédigée avec des tas de spoilers et d'injures non masqués que même Allociné ne voudra pas publier. Vous voilà prévenus ! Ce film est génial !!!! Oui vous avez bien lu ...

le 31 oct. 2015

36 j'aime

15

Black Mirror: Bandersnatch
Cosmic_M
8

Netflix, télécommandez votre vie

Attention ! Critique avec beaucoup de spoilers ! Je ne vais pas demander si vous avez déjà joué à un jeu Telltale, parce que d'une part je n'en ai jamais joué et d'autre part, les films interactifs...

le 29 déc. 2018

24 j'aime

3