La Grande Traque selon Boisset

Une critique particulièrement virulente de la société du spectacle, montrant un jeu télévisé lui-même métaphorique de cette société. Le Prix du Danger reste probablement l'une des réussites majeures du très engagé Yves Boisset, réalisateur déjà responsable des remarquables Un Condé et Dupont Lajoie sortis quelques années plus tôt. En filmant la destinée tragique de François Jacquemard ( ici incarné par le charismatique Gérard Lanvin, vedette des années 80 livrant là une prestation pour le moins physique et éprouvante ) Boisset passe au crible toutes les instances du petit écran : directeurs véreux, producteurs perfides et animateurs grotesques semblent décider d'un seul homme du sort des petites gens, soit en leur proposant d'être sélectionnés en tant que participants pour leur programme soit en leur distribuant le spectacle indécent de la violence interactive en guise de pâture...

Entre un Michel Piccoli génial en présentateur cabotin frisant le très mauvais goût, une Marie-France Pisier incroyable en productrice glaciale et insondable ou encore un Bruno Cremer idéal en chef d'entreprise cyniquement pragmatique Le Prix du Danger s'avère être une caricature terrible et annonciatrice des émissions de télé-réalité du XXIème Siècle. Clairement divisé en deux parties d'égale durée ( d'une part la phase de sélection, d'autre part l'application et la retransmission en direct de l'émission-titre ) Le Prix du Danger bénéficie d'enjeux dramatiques pour le moins efficaces doublés d'une charge contestataire certes parfois lourdement amenée mais résolument salutaire. A noter la superbe composition musicale de Vladimir Cosma faisant bel et bien décoller ce suspense eighties à l'audace cinématographique incontestable, petit film culte à ranger aux côtés de La Mort en Direct tourné à la même époque. Superbe.