En ouverture, sur des images tirées de l’écran d’épingles d’Alexeiev et Claire Parker, le réalisateur nous résume la fable qui a inspiré les deux heures qui vont suivre. La morale de l’histoire : « Qui se croit plus grand que la loi, périt. » Joseph K, un homme sans histoire, se voit accusé sans qu’on lui en explique les motifs. Un cauchemar pour celui qui semble avoir la culpabilité facile. Sa volonté de comprendre ce qui se passe et de confronter la cour seul comme un grand va le plonger dans les dédales de la justice. David contre Goliath. Le visuel nous le rappelle plus d’une fois alors que le protagoniste se déplace dans des décors grandioses qui le font tout petit. L’absurde de la situation nous fait comprendre assez rapidement que le procès qui se prépare n’est pas celui de l’accusé, mais celui de l’appareil judiciaire et de ses magistrats ; coupables de servir le pouvoir et d’écraser le commun des mortels. Les images pour l’évoquer sont percutantes. La confusion qui apparaît par moment dans le scénario se justifie par l’univers éclaté de la rêverie à travers lequel se glisse des pulsions érotiques. Anthony Perkins qui se spécialise dans les personnages mystérieux depuis sa prestation dans Psychose circule parfaitement dans les couloirs de cet univers surréel. En plus de leur talent, Jeanne Moreau, Elsa Martinelli et Romi Schneider ont tout pour allumer l’homme qui somnole. En avocat aux allures de pacha, Orson Welles a le physique de l’emploi. En tant que réalisateur, il se fait juge d’un système de loi forgé par et pour les dominants au détriment du simple individu. Adjugé !