Sur la forme c'est pas fameux, Hazanavicius aborde son film à la fois avec l’approche soignée et cinéphilique dans la lignée de the Artist et le pastiche comique de OSS 117. Il réutilise les codes esthétiques de Godard période 60's, ce qui détonne étant donné que le film raconte justement le basculement révolutionnaire du cinéma de Godard, après la Chinoise, avec le rejet de tout ce qu'il a réalisé jusqu’à présent. Donc rien de neuf en termes de mise en scène, c’est beau oui, mais c’est un peu à côté, malgré quelques très belles idées.
Les acteurs sont bons, dès que Garrel a ouvert la bouche j'ai cru que le film allait m'être insupportable, mais il parvient avec son talent à faire oublier le côté "jeu", "singe", très vite finalement (c'est pourtant le piège usuel du biopic). Stacy Martin est également très bien. Le film est intéressant et amusant dans sa retranscription soignée de l'époque. Mais pour le fond ce qui est du fond ça me dérange beaucoup plus. Je ne comprends pas ce que Hazanavicius veut raconter (juste un morceau de la vie de Godard ? un pan de l’histoire de France (mai 68), la retranscription d’une époque ? une réflexion sur le cinéma ?) probablement un peu tout ça mais le film a du mal à se situer et je ne vois pas trop à quoi il sert sinon montrer un Godard pour les nuls, pour ce qui ne l'aiment pas.
Car le personnage est vraiment filmé comme l'artiste con égocentrique qui a envoyé chier le monde entier, qui a craché à la gueule du monde entier y compris à la sienne, un génie mais un c.on, qui a renié ses œuvres de génie. Peu importe le degré de véracité, le cinéaste illustre les propos du bouquin d'Anne Wiazemsky avec respect j’imagine. Mais je pense qu'il pouvait amener plus de subtilité, en parlant notamment du courage et de l'ambition de vouloir redéfinir totalement le langage cinématographique. Là il se contente de filmer un personnage bouffon, marrant, mais ça me semble réducteur. Mais c’est peut être sa vision de Godard…