Si j'avais vu ce film avant tout le monde et avant de lire à son sujet tout un tas de truc très négatifs, ma critique aurait sans doute eu la forme simple d'une déclaration d'amour émue et sincère...

Malheureusement, si LA Critique n'a pas été élogieuse, elle est cependant globalement resté bienveillante, ce qui n'est pas le cas de la blogosphère qui semble majoritairement avoir cristallisé tout son mépris voir sa détestation sur ce film au moment de sa sortie.
Ce qui me parait totalement injuste et pour dire vrai, me fout même carrément en rogne...
C'est pourquoi, envers et contre tous, je tiens à défendre le film, à contredire systématiquement tous ses détracteurs et à tenter qu'il se dégage tout de même de tout ça tout l'amour et l'émotion que j'ai ressenti tout au long de la projection et encore bien après...

D'abord, il y a bien longtemps que je n'avais pas pleuré comme ça au cinéma et je l'avoue sans aucune honte, rien que ça, c'est déjà un plaisir. Il est si délicieux d'essuyer ses larmes pendant le générique de fin et de pester contre le fait que les lumières se rallument alors qu'on a encore les yeux tous bouffis... Heureusement, mon chéri, en ce jour de St Valentin avait lui aussi les cils humides... Rhhhhhaaaaaa Quel bonheur ! lol

Et maintenant que je me suis bien mis à poil et ridiculisé, je vais passer la parole à l'avocat de la défense qui ne tolérera - je vous préviens - ni pendant, ni après son plaidoyé, aucune contradiction sous peine de mort !
A bon entendeur...

On a d'abord tiré à boulet rouges sur le pauvre Louis-Ronan Choisy, qui n'en demandait vraiment pas tant, s'extasiant systématiquement sur sa plastique irréprochable pour mieux dézinguer immédiatement son jeu d'acteur. Bandes de pourris !
D'abord, je trouve parfaitement dégueulasse de dire que cet acteur est bon à foutre dans son plumard mais pas sur un écran de cinéma, chose lue sur nombre de blogs, notamment d'homos ou de filles... Si ces propos avaient visé une jeune femme, on aurait trouvé cela d'un sexisme répugnant. Et puis le cinéma est quand beaucoup affaire de désirs, non ?
Mais en plus de s'attaquer ainsi, de manière aussi facile et peu glorieuse, à un jeune acteur débutant (dont c'est le premier film et qui porte le premier rôle masculin du film...), on le taxe un peu hâtivement de fadeur dans ce rôle d'homme doux, forcément casse gueule puisque nous vivons dans une société où la douceur, particulièrement chez un homme, s'apparente à de la fadeur ou de la mollesse...
Moi aussi je le trouve très beau et bandant, certes, mais d'une beauté cassée et furieusement ciné-génique, ce qui n'est déjà pas donné à tout le monde... mais je le trouve aussi merveilleux dans le film, juste et émouvant dans ce joli rôle d'homme si doux. La douceur n'étant ni une faiblesse, ni un défaut... n'en déplaise au psychos et aux cyniques. Grrrrrr !
Ce jeune homme est donc pour moi une belle découverte et je lui souhaite une vraie carrière au cinéma dans d'aussi beau rôles que celui là avec d'autres cinéastes qui sauront le désirer et le filmer avec autant de tendresse.
Mais non content de l'avoir directement cassé en tant qu'acteur, on lui a en prime, mis le nez dans le caca d'une musique supposé gnan-gnan composée spécialement pour le film.
Encore un point de désaccord pour moi !
D'une part, comme le disait justement Gainsbourg, la chanson est un art mineur et je trouve la chanson et le thème du film, sur un mode mineur, certes, vraiment très jolis... Je l'ai même achetée bien avant de voir le film et je l'écoute très souvent.
Je trouve qu'elle va très bien au teint du film... Encore désolé...
Et n'y voyez aucun réflexe de groupie envers le joli Louis, j'avoue qu'en fait, j'ignorais même son existence avant ce film...
Mais je vais me rattraper désormais, avec le mauvais gout qui me caractérise, ça devrait me plaire...
En tous cas, pauvre Louis: N'en jetez plus, il en a pris pour des années, c'est bon... J'espère ne pas être le seul à l'avoir aimé dans ce film, qu'il n'a pas trop souffert de la douche froide qu'on lui a réservé à la sortie du film et qu'il suscitera le désir chez d'autres cinéastes très prochainement !

Mais il n'est pas le seul à en prendre pour son grade:

Il semble que, pour beaucoup, Isabelle Carré ne soit "pas crédible en héroïnomane en plein sevrage", trop proprette...
D'abord il serait bon que l'on sache que l'héroïne n'est écrite sur le front d'une personne qu'à un certain degré et quelques années de came... or le film ne nous dit rien là dessus... Il aurait sans doute fallu qu'Ozon lui démolisse le portrait façon pute défoncée au crack dans un squatt puant la pisse à la Amos Kollek pour que l'on y croit ?
Point d'héroïnomanes pétés de thunes dans les quartiers huppés du 16ème ?!
Allons allons...
Combien de top models ont fait la couv' de Vogue défoncé à la coke ou à l'héro ? Edie Sedgwick ou Kate Moss correspondent elles au profil de la gueule de tox' ???
Je veux bien admettre qu'Isabelle Carré a un coté jeune fille bien rangée qui pourrait nuire au rôle, à priori, mais Ozon la filme comme jamais et surtout il ne se conforme pas aux stéréotypes attendus et donc, ça coince.
Moi, j'y ai cru, je ne me suis pas posé ce genre de questions idiotes, je sais qu'après six mois de méthadone on ne ressemble pas à une crack-head et que l'actrice est, elle aussi, comme son partenaire masculin, sans doute ici victime d'un autre "délit de trop belle gueule" !
Je la trouve merveilleuse dans ce film, elle a toujours été une excellente comédienne, personne ne dira le contraire, mais, je l'admets, elle ne m'avait jusqu'ici que très peu touché (sauf chez Améris ou Lvovsky) mais dans Le refuge, elle m'a épaté et bouleversé comme jamais et je trouve qu'Ozon, une fois de plus, porte un regard vraiment inédit sur une comédienne et nous donne à voir une facette nouvelle de son talent, mais aussi une image, au sens physique du terme, tout à fait inédite. Comme si Isabelle Carré montrait dans ce film un visage différent, une autre tête qui fait que parfois elle ne ressemble même pas à l'actrice qu'on croyait connaitre. Il arrive même d'être surpris de ne pas la reconnaître, non ? Je ne suis quand même pas le seul à qui ça ait fait cet effet là, non ?!
bel exploit, l'air de rien, en tous cas...

Et puis les amateurs de trash auraient logiquement du être rassasiés par le début du film avec Melvil Poupaud qui offre tout de même son lot de scène vraiment dures de piquouzes, de crise de manque, d'extase toxique, d'overdose avec écume aux lèvres sans qu'on ait besoin de leur remettre une couche d'anthracite sur un tableau déjà noir... La lumière du soleil les aura sans doute aveuglé...

Car on n'a évidemment pas épargné Ozon lui-même, ni son scénario, ni sa mise en scène et là, désormais c'est moi qui me sent bien seul contre tous, tant les critiques se sont acharnées sur lui depuis quelques années, alors qu'à mon avis, avec Le Temps qui reste, Ricky ou Angel, il a livré quelques uns de ses plus beaux films et qu'il ont tous connus un traitement aussi sévère autant du public que de la critique.
Mais les tirs de boulets subis par ce très beau Le refuge ont cette fois vraiment dépassé les bornes et m'ont souvent laissé penser que si "ces gens" ont sans doute un sens critique très développé et la gachette facile - qu'ils soient critiques pro ou amateurs- ils me semblent en revanche avoir le regard voilé, la sensibilité circoncise et le coeur pour le moins atrophié...

Il se trouve que je n'étais pas le seul à avoir les yeux bouffis et à regarder mes pompes en sortant de la salle, que je n'ai entendu personne bailler ou ricaner comme cela a été - parait il - le cas en séance de presse...


Et le pauvre Ozon est désormais accablé des pires tares, comme s'il avait été célébré trop tôt et qu'il se tapait un pauvre effet boomerang d'être devenu trop vite, trop populaire...

Sa mise en scène est pourtant impeccablement sobre, presque effacée, mais loin d'être médiocre...
Mais je ne suis guère étonné de voir des gens qui confondent douceur et fadeur et qui voient un déficit de crédibilité là où visiblement ils ont les yeux bouchés par leur propres stéréotypes, se mettre à ne plus faire la distinction entre sobriété, économie de moyens et effacement derrière son sujet avec une totale absence de mise en scène...

Alors de là à taxer ce film de mauvais téléfilm, (ce qui, au passage ne veut vraiment plus dire grand chose alors que la télé a offert ces dernières de si nombreuses pépites semble avoir abolis ces stupides guerres de chapelles...) il n'y a qu'un tout petit pas que tous ces critiques arrogants, voir suffisants franchissent allègrement, si joyeux - visiblement - de mettre leur gros pieds dans les petits plats qu'on leur pourtant joliment mis dans les grands.

je peux facilement admettre qu'on aime pas, je n'estime pas être le seul à détenir la vérité, mais je n'aime pas qu'on s'acharne avec des arguments aussi pauvres surtout sur des œuvres aussi respectables.
Le Refuge n'est quand même pas le dernier film d'Isabelle Mergault, non ?! Merde !!!

Mais le reproche qui m'a le plus hérissé est celui qui consiste à affirmer avec aplomb que filmer une actrice enceinte n'est pas un sujet en soi, pas plus que la maternité, ni le deuil, ni la filiation, etc... alors que ce sont là des sujets essentiels, incontournables et que j'aimerais bien que davantage de cinéastes s'y intéressent... Combien s'y sont attablés, à part dans les comédies, et avec quel succès artistique ?
Filmer un ventre en latex ne revient pas au même que filmer une actrice enceinte, je suis désolé, voir l'enfant bouger, le ventre se déformer parfois, même très légèrement, presque imperceptiblement est une chose inédite et fascinante au cœur d'une fiction, je suis désolé !
Le fait même que la comédienne joue un personnage évidemment à l'opposé d'elle dans cet état inexplicable à qui ne l'a pas vécu est presque déjà un film en soi, comme un documentaire sur Isabelle Carré photographiée en mouvement, à un instant T.
Pour un spectateur mâle, et pédé de surcroit - c'est une émotion presque extra-terrestre qui est vécue là et que J'AI ressenti pendant 1h30 au plus profond de moi, et les questions que le film soulève en moi sur une maternité qui ne va pas forcément de soi, sur une paternité ou une filiation impossible, sur le fait de vivre avec la vie en soi mais la mort dans le dos, tout ces sujets que traite VRAIMENT de front ce film, sans métaphore ni arabesques décoratives, me semble interdire qu'on parle à son encontre de film superficiel et creux, comme cela a si souvent été dit et écrit, en télé, dans la presse et - ô combien - sur les blogs...

Moi, j'aime ce film et je suis prêt à affronter en duel demain à l'aube quiconque viendra ici me gâcher ce plaisir... Z'êtes prévenus, bande d'ordures sans cœur et sans âme !!!

Je vous déteste et vous conchie, vous n'êtes que des chiens galeux et il n'y a que mon amoureux qui valent le coup sur cette terre ! bande de rats crevés merdeux !

Ah putain, ça fait du bien ! lol

PS: Un petit mot sur le merveilleux Pierre-Louis Calixte, une fois de plus vraiment épatant dans un petit rôle (encore !!!) après Guiraudie et Un coeur simple: Ok pour un plan à trois avec Louis-Ronan... ou à quatre avec Ozon, pourquoi pas ?! Même rien qu'à deux, en fait, encore mieux...lol
Mais à quand un vrai grand rôle au cinéma ?
Et pourquoi pas dans le prochain Ozon ?

PPS: Marie Rivière offre à Ozon la meilleure scène de son film ! Décidément, le bonhomme a très bon gout !!!
Foxart
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le 8 août 2014

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