Le genre de film qui ne pouvait sortir que dans les années 80 quand on tente de l'analyser de façon sérieuse. Car pendant le visionnage, le film fait tout pour tenter de dissiper le sérieux, en lançant des initiatives contradictoires. Ce film est un terrain où s'affrontent deux genres : le film d'horreur exploitation et la comédie nanardeuse. Le gagnant est incontestablement l'horreur qui développe une vision innovante et dynamique du zombie. Malheureusement, elle est entraînée dans l'abîme de la médiocrité par la comédie nanardeuse qui, elle, fait carrément chuter tout le terrain de par sa lourdeur. Elle passe essentiellement par les personnages du scénario, tous plus creux les uns que les autres. Les pires étant surement les deux employés d'entrepôt qu'on se fade pendant tout le film, qui parlent beaucoup pour ne faire que des évidences et dont la personnalité ne sera jamais développée. Ils sont là, mais ils sont inutiles à l'intrigue. On peut aussi parler de la bande de punk, parfait exemple du cliché communautaire sensé créer la sympathie par une sorte d'auto-dérision mêlée de caricature pour les non amateurs de métal qui se révèle d'une lourdeur assez ahurissante vu l'inefficacité de leurs dialogues à créer un registre comique. Quand le film en est réduit à un déshabillage gratuit pour tenter de faire un gag, on peut quand même soupirer de voir une telle médiocrité, la gratuité n'ayant rien ici d'enthousiasmant (et une fois zombifiée, nous n'en profiterons plus de toute façon). Cette nudité est plate, programmée par un cahier des charges appliqué sans malice. Ce qui n'est pas le cas du scénario.


L'horreur est belle et bien présente, sous différents aspects très bis qu'il convient de célébrer (en cela, l'enthousiasme suscité par le film auprès des fans de genre est justifié). Déjà, l'invasion zombie a d'excellentes raisons de se répandre rapidement, et toutes les tentatives entreprises par nos personnages ne font que l'aggraver. Il est donc assez intéressant de voir ce concept d'arme biologique qui utilise tous les vecteurs de contamination possible (excellente idée des résidus dispersés par la fumée dans les environs, et s'infiltrant dans le sol d'un cimetière pour en réveiller les corps) pour contaminer un maximum de gens. La principale innovation est dévoilée avec le premier zombie, puisque ce sont ici des corps qui sont vivants et continueront toujours de l'être. Plus aucun moyen de les neutraliser simplement, et nous constaterons peu après les désastreux effets de la carbonisation des corps. Encore un nouvel argument justifiant une expansion accélérée de l'invasion. Le film sous exploite ce terrain, car il pourrait dès lors se livrer à des attaques de membres humains séparés de leur corps qui chercheraient à contaminer toute forme de vie présente (les animaux sont également touchés). Pour ces éléments, le film offre d'excellents arguments pour un divertissement bis généreux et pessimiste. Malgré son traitement très fantaisiste des zombie (qui parlent, nous apprenant donc qu'ils mangent des cerveaux pour calmer la douleur de pourrir), le film renouvèle le genre, en offrant d'excellents maquillages. Le gore est pour le coup présent et plutôt montré malgré la censure. Ce qui donne finalement d'assez bons arguments au film sur le plan du divertissement pour donner envie et apprécier certains de ses aspects. Il convient bien sur de modérer grandement l'enthousiasme sur ce cru très surestimé, mais impossible de nier son originalité.

Voracinéphile
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le 11 déc. 2015

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