George Lucas reprend les rênes derrière Richard Marquand.
Trop de liberté a-t-il laissé à Maitre Kershner ? A-t-il du mal à déléguer ? Toujours est-il qu’on retrouve du coup les défauts de l’Episode 4 : scénario maigre et linéaire rempli de digressions inutiles, image peut-être pas bâclée mais pas léchée non plus, manichéisme simpliste. George Lucas a une certaine idée du monde et de ce dont le cinéma doit se contenter, il le dit comme ça lui vient, sans se soucier vraiment ni du fond ni de la forme. Et Richard Marquand n’a d’autre choix que de le laisser visiblement tirer les ficelles. Son apparition se résume à celle de Yoda : rapide, inutile, fatale et d'un ennui mortel.


Certes, les costumes et les décors, les bestioles aussi, sont encore là. L’équipe artistique de la trilogie est certainement, sur la longueur, une de celles qui ont fourni le plus d’efforts, merci à eux de s’être souvenu qu’un film se fait avant tout pour des spectateurs plutôt que pour le bon plaisir d’un producteur. Mais tout le folklore chez Jabba The Huth, aussi beau soit-il, n’apporte rien d’autre à l’intrigue qu’une longue digression. A part peut-être cette petite surprise (attention petit spoiler) : là où on s’attend à voir Luke sous le masque du sauveur de Han, c’est Leia, tout amour.
Comme c’est charmant…
Ensuite, calme plat : la première apparition de l’Empereur est énigmatique mais bien décevante, la visite de Luke sur Dagobah pour terminer sa formation aussi courte qu’inutile, pour lui comme pour nous, les Ewoks séduisent assurément le public de moins de huit ans, mais j’ai passé l’âge des peluches. Et pourtant… il y avait cette chanson finale des Ewoks justement, qui a malheureusement disparu de la version restaurée du producteur Lucas. Au profit d’une musique grandiloquente sans âme… reste la séquence de poursuite dans la forêt, vitesse, danger, une des rares séquences (l’unique ?) du film un peu prenante, où le suspense point.


Comme dans la prélogie, il faut deux Jedi pour vaincre un Sith. George Lucas accrédite là deux idées : celle que le mal est plus fort que le bien (serait-il du côté obscur ?), et celle que l’union fait la force. Un message simpliste dans un décorum enfantin. L’entrepreneur s’assure que son film attirera tous les publics, et ce faisant perd les fans.
Il y aura toujours l’envie de clore la trilogie, d’aller au bout. Mais il y aura toujours cette déception latente malgré les quelques (trop rares) moments d’excitation du film.


George Lucas assume jusqu’au bout ses niaiseries, assume jusqu’au bout ses liftings inutiles, jusqu’à ce que tout pète derrière le rire de trop. La vieille putain d’Hollywood vend son film, son œuvre, et son âme, au plus offrant. Une belle grosse déception derrière un projet pourtant ambitieux. L’ensemble reste, quelques morceaux de bravoure subsistent. Return of The Jedi retourne le mythe, upside down. Dommage collatéral de l’ego surdimensionné de Lucas…


Matthieu Marsan-Bacheré

Créée

le 17 févr. 2015

Critique lue 271 fois

Critique lue 271 fois

D'autres avis sur Le Retour du Jedi

Le Retour du Jedi
Torpenn
8

La triple alliance

Pour commencer, remercions comme promis Guyness qui m’a fait me rendre compte que parmi les bonus de mes DVD, désignées en petits caractères sur la jaquette, comme honteusement, se trouvent...

le 6 juin 2013

76 j'aime

61

Le Retour du Jedi
Sergent_Pepper
4

Vers la CGI, et au-delà.

Je ne le dis pas depuis le début de mon cycle, mais je n’ai sous la main que les versions en HD revisitées par le grand despote Lucas. Oui, je sais, c’est horrible. Mais très pédagogique : dès...

le 22 nov. 2014

70 j'aime

27

Le Retour du Jedi
Gand-Alf
7

La chute de l'empire galactique.

Etant gamin, il apparaissait clairement que "Le retour du jedi" était le meilleur épisode de la trilogie "Star Wars". Pourquoi ? Parce que le film était tout simplement rempli de monstres jusqu'à la...

le 22 févr. 2014

62 j'aime

17

Du même critique

Gervaise
Matthieu_Marsan-Bach
6

L'Assommée

Adapté de L’Assommoir d’Émile Zola, ce film de René Clément s’éloigne du sujet principal de l’œuvre, l’alcool et ses ravages sur le monde ouvrier, pour se consacrer au destin de Gervaise, miséreuse...

le 26 nov. 2015

6 j'aime

1