Je me suis marré et j'ai passé un bon moment, et c'est ce qui le plus important non ? En réalité, le fait d'avoir posé mes fesses dans ce fauteuil de cinéma est peut-être déjà une victoire pour les personnes qui ont fait ce film. Quoique. Ça dépend de pourquoi on fait un film, non ?
Je vous raconte pas l'histoire : épée magique, oncle méchant, table ronde… Bon il y a quelques trucs marrant en plus : Arthur est un criminel notoire, entre racket et proxénétisme, Merlin n'est nul part et on est au niveau décor plutôt raccord avec une fin quatrième siècle (plutôt seizième si on regarde les armures, mais on va pas chipoter pour du médiéval fantastique).
Il y a de la magie, des combats, le dos musclé de Charlie Hunnam et des dialogues coupés au quart de cheveux comme sait le faire Ritchie.
C'est d'ailleurs la première chose qui pousse ce Roi Arthur : il y a un sens du rythme qui est la marque de fabrique du réalisateur et il s'en donne à cœur joie dans les dialogues embrouillés des criminels. Les mots coulent, les répliques touchent…
Pendant un moment on oublie qu'il s'agit des criminels : les criminels les plus sympa et Disney du monde.
Parce qu'en y repensant, ce film d'action et de grand spectacle ressemble terriblement à un Pirate des Carraïbes ou à un Star Wars, un de ces films calibrés pour être PG-13 avec de la violence mais pas de sang, des proxénètes qui protège les pauvres et les opprimés en rackettant tout le monde… Ritchie m'avait montrer la gueule de Brad Pitt éclaté, mais les morts se désintègrent par magie (par vraie magie), les coups d'épée sont bien francs et édulcorés et le peu de sang que l'on voit ressemble à une tache de vin sur une chemise.
Le héros pourrait être ambivalent sur sa relation au pouvoir, il s'agit juste d'un enfant traumatisé. L'antagoniste pourrait moderniser, œuvrer à aider le peuple, mais il ne s'agit que d'un tyran monochrome que l'on habillera en noir au cas où le manichéisme échapperait au spectateur. C'est dommage car Jude Law sauve par ailleurs un rôle écrit sans textures en lui apportant un je-ne-sais-quoi de torturé…
Pour un film sur les légendes arthurienne, on a l'ampleur et l'épique, mais le symbolisme et la profondeur en prennent un coup.
Prions pour que ça ne soit qu'une préquelle.