Bon… Comment résumer mon impression sur cette « Légende d’Excalibur » si ce n’est en disant que… que pour moi c’est juste un vrai gros bordel.


Et franchement, ça a été une galère monumentale pour lui trouver une note qui correspondait pas trop mal à ce qu’au final j’en ai ressenti.
Vraiment, il y a quelques rares moments où ce gros cafouillis filmique peut produire des choses vraiment intéressantes voire presque rafraîchissantes.
Mais bon, la plupart du temps – je suis désolé de le dire pour ceux qui se sont vraiment retrouvés dans ce film là – mais pour moi c’est juste du gros n’importe quoi.


Alors OK, c’est super-ambitieux de vouloir gérer à la fois un univers riche, de l’heroic fantasy à gogo, des personnages hauts en couleur et tout cela mêlé à une sorte de sous-texte politco-social d’actualité, mais « Woooooh ! Du calme ! »
Ce film il part dans tous les sens ; aussi bien dans le fond que dans la forme ! Et comme je le disais plus-avant, il y a du bon et du moins bon.


A dire vrai, si je devais commencer pas l’intro, je dirais même qu’il n’y a que très peu de bon pour beaucoup de très mauvais. Parce que voilà, cette introduction en mode « scène cinématique de Skyrim of Warcraft », moi, c’est vraiment tout ce que je déteste. Ça fait fake. Ça fait démesuré. Et pour être honnête, je ne voyais même pas le lien avec la légende arthurienne.
A ce niveau là du film d’ailleurs, je me souviens que je m’étais dit deux choses. Un : ce n’est même pas du « Arthur » ; c’est juste un ramassis foutraque de magie / créatures chelous / CGI / baston qui ressemble à tout ce qu’on a déjà vu ailleurs. Deux : ce n’est même pas du Guy Ritchie, c’est juste une cinématique de jeu-vidéo sans rien de véritablement intéressant, mal narrée et surtout très mal introduite en termes d’enjeu (quand tu commences ton film avec un texte sensé t’expliquer ce que tu vas voir, en général, c’est très mauvais signe)…


Mais bon… Après tout ça, au bout de quelques dizaines de minutes (oui c’est long quand même), il faut avouer que l’histoire arrête d’enchaîner les événements sans prendre le temps de les développer et se pose enfin un peu... Et là – enfin – on se retrouve davantage avec du Guy Ritchie. Et –oui – là j’ai commencé à voir ce que le bonhomme essayait de faire de ce film. Y insérer son humour un peu décalé et nerveux : oui ça, pour moi, ça pouvait être intéressant. Faire des parallèles avec la situation actuelle : oui, ça, pour moi, ça pouvait être intéressant.


Mais bon… Encore aurait-il fallu pour cela ne pas tout massicoter comme Ritchie l’a fait. Et pour le coup, ce montage ultra cut rempli jusqu’à rabord d’images et de récits enchâssés, pour moi, c’est juste à la fois la pire chose et la meilleure chose de ce film.
La pire pour commencer, parce que la plupart du temps c’est clairement utilisé à mauvais escient. Pour moi, un récit qui a une chronologie reconstruite doit répondre à une logique ; souvent une logique de découverte du personnage par le spectateur (…ce que sait bien faire un Christopher Nolan par exemple). Là, il n’y a aucune logique, sinon celle de vouloir donner artificiellement du rythme au récit. Ça part d’une bonne intention, mais c’est gavant. C’est gavant parce qu’on part du principe que le spectateur est incapable d’accepter qu’on lui pose les choses et qu’il faut toujours le rusher pour qu’il soit content.


Le résultat, c’est qu’aucune scène n’est vraiment posée et on a l’impression de regarder un enchaînement de bandes-annonces. En cela, le passage où le héros doit passer par les « terres obscures » en est juste la plus terrible des illustrations. Le truc est tellement massicoté et présenté comme un teaser que tu ne vois même pas le lieu, c’est torché à la va-vite, si bien qu’à la fin, franchement, c’était comme si ça n’avait pas existé.


Et le gros problème, c’est que les deux tiers du film sont comme ça. On est en mode « la frénésie avant tout et on s’en fout si on n’a pas le temps de poser une atmosphère, une intrigue, des personnages… » Et je le répète : ça concerne quand même les deux premiers tiers du film !


Et c’est vraiment triste car il y a vraiment quelques belles idées de forme et de fond qui sont pour le coup broyées par cette logique là. Donc en gros, il faut attendre le dernier tiers pour qu’ENFIN on daigne poser un minimum le truc. Quelques instants marchent d’ailleurs assez bien...


(la tentative d’assassinat du roi à l’arc sait poser une tension notamment, quant au premier combat à l’Excalibur, je trouve qu’il dépote vraiment bien)


Quelques personnages prennent du coup aussi de l’épaisseur (ma petite palme ira pour le personnage de Black Lack, notamment parce qu’il est incarné par Neil « Utopia » Maskell) ; et puis surtout je trouve que sur le final, il y a enfin une véritable fougue, plus ou moins cohérente, qui parvient à monter. Les enchâssements sont plus rares et ils fonctionnent mieux ; ils permettent de dégager une véritable énergie...


(La scène de jet d’épée avec la dame du lac et le cri, en mode « reprise de l’Excalibur de Boorman »… Rah mais ça, pour moi, c’est la scène du film.)


...et tout cela aboutit à un final vraiment nerveux et généreux…


Un final dans lequel d’ailleurs la démarche apparait enfin clairement, et pour lequel le côté totalement foutraque en mode « oui il y a de la magie dans tous les coins / nous même on ne sait pas comment ça marche mais on s’en fout » apporte quelque-chose à ce côté défouloir.


D’ailleurs – je ne vous le cache pas – en sortant de ce film, je me suis quand-même dit : « j’ai morflé mais ça valait quand même le coup ». J’ai même longuement hésité à lui mettre la moyenne à ce film. Au final, je n’en mets pourtant que quatre. Pas que mon impression ait changé. Non, loin de là. C’est juste que dans le « Oui, j’ai morflé, mais ça valait quand-même le coup », le « j’ai morflé » il est à prendre puissance dix. Sur ce point là, je pense que ça dépendra vraiment de votre sensibilité propre sur la question de la forme. Moi je sais que, me concernant, ça a été trop. Trop de magie, trop de CGI, trop d’hachicotages qui servent à rien, trop de gâchis en termes de lieux, d’univers, de scènes, de personnages… Il fallait faire preuve de mesure là-dessus. Une maitrise plus délicate de l’élan au départ aurait permis un rendu bien plus fort sur le déchainement final. Même chose pour la scène d’intro. Quitte à vouloir faire de l’enchâssement à gogo, il fallait découper cette scène et la disséminer durant toute la première demi-heure, en mode flash-back (même si bon, moi je la trouve tellement hideuse cette scène que je m’en serais bien passé…)


Bref, vous l’aurez compris, ce film de Guy Ritchie est plus que perfectible à mes yeux, et il faut faire preuve de beaucoup de largesse d’esprit pour s’y retrouver. Mais bon, il y a un élan de générosité là-dedans. Mieux encore, je pense qu’il a réussi à mettre en place une combinaison d’univers qui a son charme et qui pourrait faire des émules à l’avenir. Bref, difficile de passer à côté de ce film-là quand on aime le cinéma… Maintenant, il faut aussi savoir s’accrocher… En somme, vous voilà prévenus…

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le 16 sept. 2017

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