Bien sûr, il ne faut pas être très pointilleux et accepter de voir à nouveau la légende du Roi Arthur être mise à mal (par un Anglais cette fois de surcroît, un comble) pour les besoins d'un film à grand spectacle mais, à cette condition, force de constater, que "Le Roi Arthur" est un blockbuster qui accomplit plutôt bien sa tâche primaire de nous en mettre plein les mirettes pendant un peu plus de deux heures.
Bon, le film part absolument dans tous les sens en étant ultra-séquencé en différents morceaux de bravoure qui donnent l'impression de passer du coq à l'âne sans que cela ne gêne personne : on peut ainsi partir d'une gigantesque bataille d'heroïc-fantasy à la "Seigneur des Anneaux" pour se retrouver plus tard dans une séquence où le futur roi Arthur fait une psychothérapie en massacrant gratuitement des animaux géants et bifurquer ensuite dans la préparation d'un casse typiquement "ritchien" (enfin, sous couvert d'un guet-apens contre le méchant roi), le tout en exacerbant toujours la haine entre Arthur et sa nemesis comme fil rouge afin de donner du corps à l'affrontement final qui en découlera.
De plus, Guy Ritchie a aussi quelques tics agaçants qu'il ne peut pas s'empêcher de recycler de film en film comme, par exemple, ces mini-flashforwards dont il se sert de liant pour souvent passer d'une scène à l'autre. Si, dans les "Sherlock Holmes", ils trouvaient parfaitement leur place à cause de l'esprit de déduction du détective, ici, ils ne semblent être qu'un gimmick exaspérant dont Ritchie se sert pour nous lancer un "Vous avez vu ? Vous êtes bien dans un de mes films !".
Mais, en réalité, le film a les qualités de ses défauts. C'est en effet parce qu'il part dans toutes les directions possibles qu'il n'est jamais ennuyeux, sa générosité en péripéties variées toujours prétextes à l'action accompagnée de très chouettes effets spéciaux nous assure un spectacle permanent sur un rythme qui ne faiblit jamais.
De même, si l'on met de côté les mimiques visuelles de Ritchie que l'on évoquait, le réalisateur bouscule en fait complètement les codes du contexte moyenâgeux avec la fougue de sa modernité et livre au passage bon nombre de superbes plans qui collent à la rétine (la rencontre avec la Dame du Lac pour n'en citer qu'un) ainsi que des scènes de combats en plans-séquences à couper le souffle lorsqu'Arthur se met à manier Excalibur.
Doté d'un casting rafraîchissant pour ce type de production (mentions spéciales à Jude Law qui s'éclate dans le registre de la cruauté et à Àstrid Bergès-Frisbey en mage charismatique), "Le Roi Arthur" est un de ces rares blockbusters à remplir toutes les clauses de son contrat tacite passé avec le spectateur avant de le découvrir et, notamment, la première d'entre elles : en prendre plein les yeux devant un divertissement épique qui n'appelle pas une forte utilisation de nos neurones. Exactement ce qu'on en attendait.