Le Roi Lion
5.7
Le Roi Lion

Long-métrage d'animation de Jon Favreau (2019)

Disney n'a plus d'idées. Mais Disney a besoin de faire de l'argent. Alors Disney fait des suites toutes plus nulles que les autres (Le Roi Lion 2 et 3, Mulan 2, Le Retour de Jafar...). Ou rachète une société (Pixar en 2006) qui, elle, produit des films innovants et sait faire des suites conservant un intérêt autre que financier (le très réussi Toy Story 4 en est l'exemple le plus récent). Désormais, la nouvelle stratégie de Disney pour continuer à brasser de l'argent sans se donner la peine de créer est d'adapter ses chefs-d’œuvres d'animation en "live action movie". Après Le Livre de la Jungle et Aladdin, voici venu le tour d'un des plus célèbres d'entre eux et, par ailleurs, mon préféré : Le Roi Lion.


Bien que je m'attendais à ce que cette nouvelle version ne s'écarte que très peu du dessin animé de 1994, je ne pensais pas assister à un véritable copié-collé de l'original. Et pourtant, c'est bien ce que nous propose Jon Favreau. Son film reprend quasiment à l'identique les mêmes scènes et les lignes de chaque dialogue. Il n'ajoute aucune touche personnelle à SON film, ce qui pour un artiste me laisse pantois. La scène d'ouverture est à ce titre le meilleur exemple, elle est une reconstitution exacte de celle du dessin animé.


En comparaison, Guy Ritchie s'autorisait quelques écarts scéniques avec la version originale d'Aladdin et profitait d'un acteur comme Will Smith qui peut améliorer un film à lui tout seul (j'aime bien W. Smith). Même si elle chante bien et qu'elle a droit à une chanson originale, Beyoncé n'apporte pas grand chose de singulier à ce Roi Lion.


En outre, les légères divergences du film de 2019 avec celui de 1994 sont mal venues. Par exemple, la scène où Scar harangue les hyènes a été raccourcie, supprimant les images montrant les hyènes défilant tels des soldats nord-coréens. Dans l'Amérique de Trump, on ne peut plus évoquer les régimes totalitaires ?


De la même manière, les retrouvailles entre Simba et Nala sont trop rapides, la réaction de Timon et Pumbaa hilarante dans le film original est absente et entendre Can You Feel The Love Tonight alors qu'il fait jour c'est stupide.


Au final, le film vaut uniquement le détour pour ses prouesses en matière d'animation. Les images sont en effet magnifiques et d'un photoréalisme bluffant. Cependant, ce réalisme poussé à l'extrême pose quelques problèmes, notamment le manque d'expressivité faciale des animaux (surtout les lions, impossible de distinguer Nala de la mère de Simba). Cette absence d'expression sur le visage des protagonistes prive de certaines séquences d'émotions : la vive douleur provoquée par la chute de Mufasa est à peine lisible sur le visage de Simba, Rafiki ne fait plus ses mimiques amusantes, Pumbaa et Timon paraissent moins sympathiques comme ils ne sourient plus...


Mais il n'y a pas de doute, c'est un beau film, sublimé par la composition d'Hans Zimmer (identique, là encore, à l'originale). Dommage qu'un tel potentiel technologique n'ait pas incité le réalisateur à prendre plus de risques et que Disney ne l'ait pas exploité dans un autre but que faire de l'argent.

laphinoiterie
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le 20 juil. 2019

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